tete haute, les mains pendantes ou armees de batons de
commandement. Ailleurs, on lui apporte l'une apres l'autre les diverses
parties de l'offrande, et alors il est assis sur un fauteuil. Ces deux
poses qu'il a dans les tableaux, il les garde dans les statues. Debout,
il est cense recevoir l'hommage des vassaux; assis, il prend sa part du
repas de famille. Les gens de la maison ont comme lui l'attitude qui
convient a leur rang et a leur metier. L'epouse est debout, assise sur
le meme siege ou sur un siege isole, accroupie aux pieds de l'epoux,
comme pendant la vie. Le fils a le costume de l'enfance, si la statue a
ete commandee tandis qu'il etait encore enfant, le geste et l'attribut
de sa charge, s'il est a l'age d'homme. Les esclaves broient le grain,
les celleriers poissent l'amphore, les pleureurs se lamentent et
s'arrachent les cheveux. La hierarchie sociale suivait l'Egyptien dans
la tombe et reglait la pose apres, comme elle l'avait reglee avant la
mort. Et la ne s'arretait point l'influence que la conception religieuse
de l'ame exercait sur l'art du sculpteur. Du moment que la statue est le
support du double, la premiere condition a remplir pour que celui-ci
puisse s'adapter aisement a son corps de pierre, c'est qu'elle
reproduise, au moins sommairement, les proportions et les particularites
du corps de chair. La tete est donc un portrait fidele. Le corps, au
contraire, est pour ainsi dire un corps moyen, qui montre le personnage
au meilleur de son developpement, et lui permet d'exercer parmi les
dieux la plenitude de ses fonctions physiques: les hommes sont toujours
dans la force de l'age, les femmes ont toujours le sein ferme et les
hanches minces de la jeune fille. C'est seulement dans le cas d'une
difformite par trop forte qu'on se departait de cet ideal. On donnait a
la statue d'un nain toutes les laideurs du corps du nain, et il fallait
bien qu'il en fut ainsi. Si l'on avait mis dans la tombe une statue
reguliere, le double, habitue pendant la vie terrestre a la difformite
de ses membres, n'aurait pu s'appuyer sur ce corps redresse et n'aurait
pas ete dans les conditions necessaires pour bien vivre desormais.
L'artiste n'etait libre que de varier le detail et de disposer les
accessoires a son gre; il n'aurait pu rien changer a l'attitude et a la
ressemblance generales sans manquer a la destination de son oeuvre. La
repetition obstinee des memes motifs produit sur le spectateur une
veritable monotonie, et l'
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