impression qu'il ressent est encore augmentee
par l'aspect particulier que les tenons prennent sous la main du
sculpteur. Les statues sont appuyees pour la plupart a une sorte de
dossier rectangulaire qui monte droit derriere elles, et, tantot se
termine carrement au niveau du cervelet, tantot s'acheve en un
pyramidion dont la pointe se perd parmi les cheveux, tantot s'arrondit
au sommet et parait au-dessus de la tete du personnage. Les bras sont
rarement separes du corps; dans bien des cas, ils adherent aux cotes et
a la hanche. Celle des jambes qui porte en avant est reliee souvent au
dossier, sur toute sa longueur, par une tranche de pierre. La raison en
serait, dit-on, l'imperfection des outils: le sculpteur n'aurait pas
detache les epaisseurs de matiere superflue, de peur de briser par
contre-coup le membre qu'il modelait. L'explication a du etre valable au
debut; elle ne l'etait plus des la IVe dynastie, car nous avons plus
d'un morceau, meme en granit, ou tous les membres sont libres, soit
qu'on les ait affranchis au ciseau, soit qu'on les ait degages au
violon. Si l'usage des tenons persista jusqu'au bout, ce ne fut pas
impuissance, mais routine ou respect exagere pour les enseignements du
passe.
La plupart des musees sont pauvres en statues de l'ecole memphite. La
France et l'Egypte en possedent, parmi beaucoup de mediocres, une
vingtaine qui suffisent a lui assurer un rang honorable dans l'histoire
de l'art, le _Scribe accroupi_, Skhemka, Pahournofri, au Louvre, le
_Sheikh-el-beled_ et sa femme, Khafri, Ranofir, le _Scribe agenouille_,
a Boulaq. L'original du scribe accroupi n'etait point beau (Fig.181),
mais son portrait est d'une verite et d'une vigueur qui compensent
Largement ce qui manque en beaute ideale. Les jambes repliees sous lui
et posees a plat, dans une de ces positions familieres aux Orientaux,
mais presque impossibles a garder pour un Europeen, le buste droit et
bien d'aplomb sur les hanches, la tete levee, la main armee du calame et
deja en place sur la feuille de papyrus etalee, il attend encore, a six
mille ans de distance, que le maitre veuille bien reprendre la dictee
interrompue. La figure est presque carree, les traits fortement
accentues indiquent l'homme dans la force de l'age. La bouche, longue et
garnie de levres minces, se releve un peu vers les coins et disparait
presque dans la saillie des muscles qui l'encadrent; les joues sont
plutot osseuses et dures, les oreilles detachees de
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