la tete sont
epaisses et lourdes, le front bas est couronne d'une chevelure drue et
coupee ras. L'oeil, grand et bien ouvert, doit une vivacite particuliere
a une fraude ingenieuse de l'artisan antique.
[Illustration: Fig. 181]
L'orbite de pierre qui l'enchasse a ete evide, et le creux rempli par un
assemblage d'email blanc et noir; une monture en bronze accuse le rebord
des paupieres, tandis qu'un petit clou d'argent, place au fond de la
prunelle, recoit la lumiere, et, la renvoyant, simule l'eclair d'un
regard veritable. Les chairs sont un peu molles et pendantes, comme il
convient a un homme d'un certain age, que ses occupations privent de
tout exercice violent. Les bras et le dos sont d'un bon relief; les
mains, osseuses et seches, ont des doigts de longueur plus qu'ordinaire,
le genou est fouille avec minutie. Le corps entier est entraine, pour
ainsi dire, par le mouvement de la figure et sous l'influence du meme
sentiment d'attente qui domine dans la physionomie; les muscles du bras,
du buste et de l'epaule sont dans un demi-repos seulement, prets a se
remettre au travail. Le souci de l'attitude professionnelle et du geste
caracteristique se retrouve avec la meme evidence sur toutes les statues
que j'ai eu l'occasion d'etudier. Khafri est roi (Fig.182). Il est
assis carrement sur le siege de sa dignite, les mains aux genoux, le
buste ferme, le chef haut, le regard assure. L'inscription qui nous
apprend son nom aurait ete detruite et les marques de son rang enlevees,
que nous aurions devine le Pharaon a sa mine: tout en lui trahit l'homme
habitue des l'enfance a se sentir investi de l'autorite souveraine.
Ranofir appartient a une des grandes familles feodales de l'epoque. Il
est debout, les bras colles au corps, la jambe gauche portee en avant,
dans la pose du prince qui regarde ses vassaux defiler devant lui. Le
masque est hautain, la demarche hardie; mais on n'y sent deja plus le
calme et l'assurance surhumaine comme dans les statues de Khafri. Avec
le _Sheikh-el-beled_ (Fig.183) on descend de plusieurs degres dans
l'echelle sociale. Ramke etait _surintendant des travaux_, probablement
un des chefs de corvee qui batirent les grandes pyramides, et
appartenait a la classe moyenne. Il est tout empreint de contentement et
de suffisance bourgeoise. On le voit surveillant ses manoeuvres, debout
et le baton d'acacia a la main. Les pieds etaient pourris, mais on lui
en a fourni de nouveaux. Le corps est lourd et charn
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