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le ventre, les cuisses se modelent sous l'etoffe avec une grace et une
chastete qu'on ne saurait trop louer. La figure, ronde et
grassouillette, est encadree entre des masses de tresses fines,
retenues par un bandeau richement decore. Les deux epoux sont en
calcaire et peints, le mari en rouge brun, la femme en jaune bistre. Les
autres statues de particuliers que j'ai vues, celles surtout qui
proviennent de Thebes, sont decidement mauvaises, rudes de travail et
vulgaires d'expression. Les royales, presque toutes en granit noir ou
gris, ont ete usurpees en partie par des rois d'epoque posterieure,
l'Ousirtasen III, dont la tete et les pieds sont au Louvre, par
Amenhotpou III, les sphinx du Louvre, les colosses de Boulaq par
Ramses II, et plus d'un musee possede de pretendues images des Pharaons
Ramessides qu'un examen attentif nous contraint de restituer a la XIIIe
ou a la XIVe dynastie. Ceux dont l'origine n'est l'objet d'aucun
doute, le Sovkhotpou III du Louvre, le Mermashaou de Tanis, le
Sovkoumsaouf de Boulaq, les colosses de l'ile d'Argo sont d'un art tres
habile, mais sans vigueur et sans originalite; on dirait que les
sculpteurs se sont efforces de les ramener tous a un meme type banal et
souriant. Le contraste n'en est que plus grand lorsqu'on passe de ces
poupees gigantesques aux sphinx en granit noir, que Mariette decouvrit a
Tanis, en 1861, et dont il attribua l'erection aux Hyksos. La, ce n'est
plus l'energie qui fait defaut. Le corps de lion nerveux, ramasse sur
lui-meme, est plus court qu'il n'est dans les sphinx ordinaires. La
tete, au lieu d'etre coiffee du linge flottant, est revetue d'une
puissante criniere qui encadre le visage. Petits yeux, nez aquilin,
ecrase par le bout, pommettes saillantes, levre inferieure avancee
legerement, l'ensemble de la physionomie est si peu en accord avec ce
que nous sommes accoutumes a rencontrer en Egypte, qu'on y a reconnu la
preuve d'une origine asiatique (Fig.191). Nos sphinx sont certainement
anterieurs a la XVIIIe dynastie, car un des rois d'Avaris, Apopi, a
grave son nom sur leur epaule; mais on a conclu trop vite de cette
circonstance qu'ils etaient du temps de ce prince. En les examinant de
plus pres, on voit qu'ils ont ete dedies a un Pharaon d'une des
dynasties precedentes, et qu'Apopi se les est seulement appropries. Rien
ne prouve que ce Pharaon ait ete posterieur a l'invasion asiatique: ses
monuments sont peut-etre l'oeuvre d'une ecole locale, dont l'origi
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