osses aux jambages de la porte interieure de son
premier pylone a Karnak, les bas-reliefs de son speos a Silsilis, son
portrait et celui d'une des femmes de sa famille que possede le musee de
Boulaq, sont pour ainsi dire sans tache et sans reproche. La reine
(Fig.194) a une physionomie spirituelle et animee, de grands yeux
presque a fleur de tete, une bouche large, mais bien proportionnee; elle
est taillee dans un calcaire compact, dont la teinte laiteuse adoucit la
malignite de son regard et de son sourire. Le roi (Fig.195) est en un
granit noir dont le ton lugubre inquiete et trouble le spectateur au
premier abord. Sa face, jeune, est empreinte d'une melancolie assez rare
chez les Pharaons de la grande epoque. Le nez est droit, mince, bien
attache au front, l'oeil long. Les levres larges, charnues, un peu
contractees aux commissures, se decoupent a aretes vives. Le menton est
a peine alourdi par la barbe postiche. Chaque detail est traite avec
autant d'adresse que si le sculpteur avait eu sous la main une pierre
tendre et non pas une matiere rebelle au ciseau; la surete de
l'execution est poussee si loin qu'on oublie la difficulte du travail
pour ne plus songer qu'a la valeur de l'oeuvre. Il est facheux que les
artistes egyptiens n'aient jamais signe leur nom, car celui qui a fait
le portrait d'Harmhabi meritait d'etre connu. De meme que la XVIIIe
dynastie, la XIXe voulut avoir ses colosses: le Ramses II de Louxor
mesurait entre cinq ou six metres (Fig.196), celui du Ramesseum seize,
celui de Tanis dix-huit environ; ceux d'Ibsamboul, sans atteindre a
cette taille formidable, presentent a la riviere un front de bataille
imposant. C'est presque un lieu commun aujourd'hui de dire que la
decadence de l'art egyptien commenca sous Ramses II. Rien n'est pourtant
moins vrai que cette sorte d'axiome. Sans doute, beaucoup des statues et
des bas-reliefs qui furent executes de son temps sont d'une laideur et
d'une rudesse qu'on a peine a concevoir; mais on les trouve surtout dans
les villes de province, ou les ecoles n'etaient pas florissantes, et ou
les artistes n'avaient rien qui put les guider dans leurs travaux. A
Thebes, a Memphis, a Abydos, a Tanis et dans les localites du Delta,
ou la cour residait habituellement, meme a Ibsamboul et a
Beit-el-Oualli, les sculpteurs de Ramses II ne le cedent en rien a ceux
de Seti Ier et d'Harmhabi. La decadence ne commenca qu'apres Minephtah.
Lorsque les guerres civiles et les invasions etr
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