ne
etait independante et dont les traditions differaient de celles des
ateliers memphites. L'art provincial de l'Egypte nous est si peu connu
en dehors d'Abydos, d'El-Kab, d'Assouan et de deux ou trois autres
sites, que je n'ose trop insister sur cette hypothese. Quelle que soit
l'origine de l'ecole tanite, elle continua d'exister longtemps encore
apres l'expulsion des Pasteurs, car une de ses meilleures oeuvres, un
groupe qui represente les deux Nils, celui du Nord et celui du Sud,
apportant leurs tablettes chargees de fleurs et de poissons, a ete
consacre par Psousennes de la XXIe dynastie.
[Illustration: Fig. 189]
[Illustration: Fig. 190]
[Illustration: Fig. 191]
Les trois premieres dynasties du nouvel empire fournissent a elles
seules plus de monuments que toutes les autres reunies: bas-reliefs
peints, tableaux, statues de rois et de particuliers, colosses, sphinx,
c'est par centaines qu'on les compte de la quatrieme cataracte aux
bouches du Nil. Les vieilles cites sacerdotales, Memphis, Thebes,
Abydos, sont naturellement les plus riches; mais l'activite est si
grande que des bourgades perdues, Ibsamboul, Radesieh, Mesheikh, ont
leurs chefs-d'oeuvre comme les grandes villes. Les portraits officiels
d'Amenhotpou Ier a Turin, de Thoutmos Ier et de Thoutmos III au British
Museum, a Karnak, a Turin, a Boulaq, sont encore concus dans l'esprit de
la XIIe et de la XIIIe dynastie et n'ont point beaucoup d'originalite;
mais les bas-reliefs des tombeaux et des temples marquent un progres
sensible sur ceux des siecles anterieurs. La saillie en est plus
accentuee, le modele mieux ressenti, les personnages sont en plus grand
nombre et mieux groupes, la perspective recherchee avec plus de soin et
de curiosite; les tableaux du temple de Deir-el-Bahari, ceux du tombeau
de Houi, de Rekhmiri, d'Anna, de Khamha, de vingt autres a Thebes, sont
d'une richesse, d'un eclat, d'une variete inattendus. L'instinct du
pittoresque s'eveille, et les dessinateurs introduisent dans la
composition les details d'architecture, les reliefs du sol, les plantes
exotiques, tous les details qu'on negligeait autrefois ou qu'on se
contentait d'indiquer sommairement. Le gout du colossal, un peu emousse
depuis le temps du grand sphinx, renait et se developpe de nouveau.
Amenhotpou III ne se contente plus des statues de cinq ou six metres de
haut qui suffisaient a ses ancetres. Celles qu'il eleve devant sa
chapelle funeraire, sur la rive gauche du Nil, a
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