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comme incapable de lutter contre mon pere. J'etais un spectateur impartial. Martinod laissait les autres, et surtout les neophytes dont il se composait une cour et qu'il abreuvait, se remuer, s'exclamer, toujours sans designer l'ennemi. Lui, distrait ou meditatif, enveloppait grand- pere du regard. Comme se manege se prolongeait, il me revint a la memoire un passage de mon histoire naturelle ou il etait question d'un serpent qui fascinait les oiseaux, et je ris tout seul de cette idee saugrenue. Il garda assez longtemps cette attitude; puis, apres avoir commande de nouvelles consommations pour tout le monde excepte pour moi qu'il oublia, il se pencha et, d'une voix caline, il glissa dans l'oreille de son voisin ces paroles qui me parvinrent: --Alors, pere Rambert, vous n'etes plus chez vous? --Comment ca? riposta grand-pere indifferent. --Eh! non! ce beau chateau que vous habitez n'est plus a vous, maintenant. Il prononcait chateau, comme le fermier, sauf qu'il omettait quelques- uns des accents circonflexes. Grand-pere le remarqua et s'en divertit : --Oh! oh! le chateau! pourquoi pas le palais? --Ma foi, continua Martinod, appelez-le comme vous voudrez. Toujours est-il que c'est le plus bel immeuble du pays. Et bien place: a la fois ville et campagne. Tout de meme, eh! eh! on vous a joue le tour et vous n'etes pas maitre au logis. Grand-pere se gratta le sourcil, puis se tira la barbe. Il ne parlait jamais a personne de son abdication, pas meme a moi dans nos promenades, et j'avais devine que les allusions a cette histoire deja si vieille, vieille de plusieurs annees, ne l'interessaient pas. Je savais qu'il meprisait la propriete et la tenait pour nuisible au bien general. Mais n'etait-ce pas la un dogme consacre au Cafe des Navigateurs? --Eh! oui! declara-t-il en se decidant a rire, je ne suis plus chez moi: en voila une decouverte! Mon pauvre Martinod, vos retardez. Il y a belle lurette que je ne suis plus chez moi, et vous m'en voyez bien aise. Plus de tracas, plus de soucis. Je ne suis plus le maitre, mais je suis mon maitre. Et le dialogue, sur cette replique, continua sans arret, de plus en plus gaiement: --Ta, ta, ta! a votre age, on ne s'habitue guere a camper chez autrui. --A mon age, on veut la tranquillite. --Oui, oui, on vous a relegue au bout de la table. --Je m'y suis bien mis tout seul et l'on y mange aussi bien qu'au milieu. --Ici, pere Rambert, on vous donne la pl
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