lle.
--Mais ton pere?
Elle eut un geste autoritaire pour signifier que ce n'etait pas cela qui
l'embarrassait et trancha:
--Veux-tu me voir, sans te cacher comme un voleur, oui ou non?
Il joignit les mains avec un air extasie.
--En ce cas, dit-elle, ne t'inquiete pas du reste. Tu prendras tes repas
avec nous, tu coucheras ici, je vais te faire habiller decemment, et,
pour ce qui est du travail, tu ne feras que ce que tu voudras bien faire
de ton chef, et dans la mesure de tes forces. Allons, viens.
Il secoua la tete et ne bougea pas.
Elle palit et, fixant sur lui un regard de douloureux reproche, elle dit
avec des larmes dans la voix:
--Tu ne veux pas?
Et tout aussitot, avec son petit air autoritaire et decide, elle ajouta:
--Je ne suis donc plus ta petite maitresse? Je ne commande plus? Tu te
revoltes?
Tres doucement, mais avec un air obstine, il dit:
--Tu es et tu seras toujours toute ma joie. Je passerais a travers le
feu pour te voir... Mais je ne veux plus que tu me nourrisses.
Malgre elle, elle eut un regard sur ses loques et, encore un coup, il
baissa la tete en rougissant. Elle lui prit le menton du bout de ses
petits doigts, l'obligea a relever la tete et plongea avec une grande
tendresse son regard innocent dans le sien. Et elle comprit ce qui se
passait dans son esprit. Et elle eut cette delicatesse vraiment feminine
de ne pas insister.
--Soit, dit-elle apres un silence. Tu viendras quand tu voudras. Quant
au reste, tu feras comme tu voudras. Seulement n'oublie pas, si tu avais
besoin, que tu me ferais une grosse peine de ne pas te souvenir que
je suis et resterai toujours pour toi une soeur tendre et devouee. Me
promets-tu de ne pas oublier?
Elle dit ceci avec une grande douceur et une emotion poignante. Alors,
ainsi qu'il leur arrivait parfois quand elle faisait la reine, et qu'il
lui rendait humble hommage, il s'agenouilla et posa doucement ses levres
sur la pointe de son petit soulier de satin.
Elle recut l'hommage sans fausse modestie, comme un tribut du a sa
beaute et a sa bonte, mais avec un regard attendri ou percait une pointe
de malice nuancee de pitie.
Lui, cependant, se redressait et disait dans un grand elan de tout son
etre:
--Tu es et tu seras toujours ma petite maitresse.
Elle frappa joyeusement dans ses petites mains et, orgueilleusement
triomphante:
--Viens, dit-elle, rose de plaisir, viens voir mon pere!
--Non! dit-il encore doucement.
Ell
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