e, un nom, avec un principe. Le successeur de droit, le
successeur legitime, c'est le fils aine du roi defunt! Or, le fils aine
du roi, le veritable aine, le veritable infant, c'est celui que vous
avez choisi, celui qui a ete eleve a l'ecole du malheur, celui qui sera
le roi de vos reves. C'est celui que vous dites fils du defunt infant
Carlos et que je dis, moi, fils aine et successeur de son pere Philippe
Il. C'est celui-la qui sera de droit roi de toutes les Espagnes, roi
de Portugal, des Pays-Bas, empereur des Indes, sous le nom de Charles,
sixieme du nom.
"Ouf! railla Pardaillan, que de couronnes! Je comprends maintenant que
Mme Fausta se soit soudainement ferue d'amour pour l'homme assez fortune
pour accumuler sur sa tete autant de titres pompeux!"
--Il faut, des maintenant, concluait Fausta imperturbable, combattre de
toutes vos forces et detruire a tout jamais la legende d'un fils de don
Carlos et de la reine Isabelle. Il n'y a, il ne peut y avoir qu'un fils
du roi Philippe, lequel fils, par droit d'ainesse, succede a son
pere. Cette verite reconnue et admise, il n'y aura ni contestation ni
opposition le jour ou l'heritier presomptif montera sur le trone laisse
vacant par son pere.
Il faut rendre cette justice aux auditeurs de Fausta: nul ne protesta.
Tous accepterent ces instructions. Avec une unanimite touchante, le plan
de la future reine d'Espagne fut adopte. Chacun s'engagea a repandre
dans le peuple les idees qu'elle venait d'exposer.
Il fut entendu que, si le roi protestait, l'infant aurait ete ecarte par
suite d'on ne savait quelle aberration. La meme, sans doute, qui lui
avait fait ecarter le premier infant, don Carlos, qu'il avait fini
par faire arreter et condamner. Et, en exploitant habilement ces deux
abandons aussi inexplicables qu'injustifies, on pourrait parler de
folie. Si le roi n'avait pas le temps de protester, c'est-a-dire s'il
etait doucement envoye _ad patres_ avant d'avoir pu elever la voix, le
futur Charles VI aurait ete enleve au berceau par des criminels, qu'on
retrouverait au besoin. Le roi, naturellement, n'aurait jamais cesse
de faire rechercher l'enfant vole. Et l'emotion, la joie d'avoir enfin
miraculeusement retrouve l'heritier du trone, auraient ete fatales au
monarque affaibli par la maladie et les infirmites, ainsi que chacun le
savait.
Ces differents points etant regles:
--Messieurs, dit Fausta, preparer l'acces du trone a celui que nous
appellerons Carlos, en me
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