s y etes entre? Vous vous dites que ce n'est pas moi qui vous
barrerai la route... Vous avez raison. Mais sachez que dans un instant
vous allez etre assailli. Vous allez vous trouver seul et sans arme,
dans cette salle bien gardee.
Pourquoi lui disait-elle cela, alors qu'elle etait seule encore avec
lui? Elle savait bien que, s'il lui plaisait de mettre a profit
l'avertissement qu'elle lui donnait, il n'avait que quelques pas a
faire pour sortir. Pensait-elle qu'il ne trouverait pas le ressort
qui actionnait la porte secrete? Ou plutot ne pensait-elle pas qu'en
l'avertissant il se croirait oblige de rester?
Tres tranquillement, il repondit:
--Vous voulez parler des braves que ce sacripant d'inquisiteur est alle
chercher, tout courant?
--Vous saviez...
--Sans doute! De meme que j'ai bien remarque votre petit manege qui
consistait a m'acculer dans ce coin de la salle.
Fausta ne put s'empecher de l'admirer. Mais, en meme temps que
l'admiration, l'inquietude penetrait en elle. Elle se disait que,
si fort qu'il fut, Pardaillan ne pouvait s'etre expose a un aussi
formidable danger sans avoir la certitude de s'en tirer indemne.
Une fois encore, elle jeta autour d'elle un coup d'oeil soupconneux et
ne decouvrit rien. Elle etudia encore la physionomie du chevalier et le
vit si confiant en sa force, que ses soupcons se dissiperent, et elle se
dit:
"Il pousse la bravade aux plus extremes limites!"
--Sachant que vous alliez etre attaque, dit-elle tout haut--et je vous
previens qu'une vingtaine d'epees vont vous assaillir--, sachant cela
vous etes reste. Vous comptez donc passer sur le corps aux vingt
combattants que vous allez avoir sur les bras?
--Leur passer sur le corps serait trop dire. Mais, ce que je sais, c'est
que je m'en irai d'ici sans blessure serieuse, parce que mon heure n'est
pas venue... Parce qu'il est ecrit que je dois vous tuer.
--Pourquoi ne me tuez-vous pas tout de suite, en ce cas?
Elle prononca ces mots avec bravade et comme si elle l'eut defie de
mettre sa menace a execution.
Tres naturellement, il dit:
--Votre heure n'est pas venue, a vous non plus.
--Ainsi, selon vous, je dois echouer dans toutes les tentatives que je
dirigerai contre vous?
--Je le crois, dit-il tres sincerement. Recapitulons un peu les
differents moyens que vous avez employes dans l'unique but de m'occire:
le fer, la noyade, l'incendie, le poison, la faim et la soif... et me
voici devant-vous, bien viva
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