nt. Dieu merci! Tenez, vous faites fausse
route en cherchant a me tuer. Renoncez-y. C'est dur? Vous tenez
absolument a m'expedier dans un monde qu'on pretend meilleur? Oui!...
Mais puisque vous ne pouvez y parvenir! Que diable! il n'est pas besoin
de tuer les gens pour s'en debarrasser. On cherche. Les moyens ne
manquent pas qui font qu'un homme, vivant encore, n'existe plus pour
ceux qu'il genait.
Il plaisantait.
Malheureusement, dans l'etat d'esprit ou elle etait, sous l'influence
de la superstition qui lui suggerait qu'en effet il etait invulnerable,
elle he pouvait pas comprendre qu'il osat plaisanter sur un sujet aussi
macabre. Et, dans sa superstition, elle se persuada que, nouveau Samson,
il livrerait lui-meme le secret de sa force.
--Comment? demanda-t-elle naivement.
Il eut un imperceptible sourire de pitie.
--Eh! le sais-je? plaisanta-t-il.
Et, avec une lueur de malice dans les yeux, en mettant son doigt sur son
front:
--Ma force est la... Essayez de me frapper la.
Elle le considera longuement. Il paraissait tres serieux. Il eut fremi
s'il eut pu lire ce qui se passait dans son cerveau et quelle pensee
infernale il venait de faire germer en elle par une simple plaisanterie.
Elle demeura un instant pensive, cherchant a comprendre le sens de
ses paroles et le parti qu'elle pourrait en tirer, et dans son esprit
obstinement tendu vers ce but: la suppression de Pardaillan, en un
eclair, elle entrevit la solution cherchee et elle pensa:
"Le cerveau!... le frapper au cerveau!... le faire sombrer dans la
folie!... Et c'est lui qui m'indique ce moyen... Il a raison, cela vaut
mille fois mieux que la mort... Comment n'y ai-je pas pense?"
Et, tout haut, avec un sourire sinistre:
--Vous avez raison. Si vous sortez d'ici vivant, je ne chercherai plus a
vous tuer. J'essaierai autre chose.
Quoi qu'il en eut, Pardaillan ne put reprimer un frisson. Cette
intuition merveilleuse qui le guidait lui fit deviner qu'elle avait
combine quelque chose d'horrible, suggere par sa plaisanterie. Mais il
n'etait pas homme a rester longtemps sous cette impression penible. Il
se secoua et, de sa voix railleuse:
--Mille graces! dit-il.
Il lui apparut si calme, si maitre de lui, que, de nouveau, elle
l'admira. Et, d'une voix vibrante:
--Vous avez entendu ce que j'ai dit a ces Espagnols? Encore ne leur
ai-je point devoile ma pensee tout entiere. Vous m'avez, en raillant,
saluee du titre de restauratrice de l'
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