alement
qu'il s'etait trompe, que la Giralda, dont il avait reve de faire le
pivot de sa fortune, n'etait qu'une pauvre fille de basse extraction.
Ce coup l'assommait.
Le voyant muet d'hebetude, Fausta acheva:
--He! quoi! Ne le saviez-vous pas? Auriez-vous commis cette faute,
impardonnable pour un homme de votre force, de preter une oreille
credule aux propos de cette fille qui se croit issue d'une famille
princiere?
Cette fois, il n'y avait pas a douter, la raillerie etait flagrante,
cruelle: elle savait certainement.
--Epargnez-moi, madame! supplia-t-il, honteux.
Fausta le considera une seconde et, haussant dedaigneusement les
epaules:
--Etes-vous enfin convaincu qu'il est inutile d'essayer de jouer au plus
fin avec moi?
--Que faut-il dire de votre part a Barba Roja? demanda-t-il, jetant le
masque et resolument cynique.
--De ma part, dit Fausta avec un supreme dedain, rien. De la votre,
a vous, dites-lui que la bohemienne ne manquera pas d'assister a la
corrida, puisque son amant doit y prendre part. Don Almaran, place a la
source meme des informations, ne doit pas ignorer qu'il se trame quelque
coup de traitrise, lequel sera mis a execution pendant que se deroulera
la corrida. Il doit savoir que le coup prepare par M. d'Espinosa avec le
concours du roi n'ira pas sans tumulte. A lui de profiter de l'occasion
et de s'emparer de celle qu'il convoite. Quant a vous, comme J'ai besoin
d'etre tenue au courant de ce qui se trame chez mes adversaires, il vous
faut eviter a tout prix d'eveiller des soupcons. En consequence, vous
aurez soin de vous mettre a sa disposition pour ce coup de main et de le
seconder de telle sorte qu'il reussisse. Tout le reste vous regarde a la
condition que la Giralda soit perdue a tout jamais pour don Cesar, et
sans que j'y sois pour rien. Vous me comprenez?
--Je vous comprends, madame, et j'agirai selon vos ordres, dit le bravo,
heureux de se tirer d'affaire.
Tres froide, elle dit:
--Je vous engage a prendre toutes les dispositions utiles pour mener a
bien cette affaire. Vous avez beaucoup a vous faire pardonner, maitre
Centurion.
Le bravo fremit. Il comprenait le sens de la menace. La situation
dependait de sa reussite. Il reussirait donc coute que coute:
--La bohemienne disparaitra, j'en reponds, dusse-je la poignarder de mes
mains, dit-il avec assurance.
--Partons, dit alors Fausta tres paisiblement.
Centurion s'en fut chercher son flambeau, qu'il avait di
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