ssimule sous
l'estrade, et l'alluma.
Il n'y avait qu'une porte visible dans cette salle: celle par ou les
conjures s'etaient disperses et lui donnait sur une galerie souterraine,
laquelle aboutissait hors du mur d'enceinte de la maison.
Cependant le duc de Castrana et ses amis etaient revenus et s'etaient
retires par une issue qu'on ne voyait pas. Fausta elle-meme etait entree
par une troisieme porte qu'on ne voyait pas davantage.
Son flambeau allume a la main. Centurion demanda:
--Quel chemin prenez-vous, madame?
--Celui du duc.
L'estrade n'etait pas appuyee contre le mur. Centurion contourna
cette estrade et ouvrit une petite porte secrete qui se trouvait la,
habilement dissimulee. Puis, sans se retourner, convaincu qu'elle le
suivait, il s'engagea dans la galerie etroite qui aboutissait a cette
porte et attendit que Fausta le rejoignit. Celle-ci s'etait mise en
marche.
Elle avait contourne l'estrade et allait disparaitre a son tour,
lorsqu'elle demeura clouee sur place.
Une voix vibrante, qu'elle connaissait trop bien, venait de lancer sur
un ton railleur:
--La restauratrice de l'empire de Charlemagne daignera-t-elle accorder
une minute de son temps si precieux au pauvre routier que je suis?
Fausta s'etait arretee net, sans se retourner. Son oeil eut une lueur
sinistre et, dans sa pensee eperdue, elle hurla:
--Pardaillan! L'infernal Pardaillan!... Ainsi il a echappe a la mort,
comme il l'avait dit! Il est sorti de la tombe ou je croyais bien
l'avoir emmure vivant!
Elle leva vers le ciel un regard fulgurant comme si elle eut voulu
sommer Dieu de lui venir en aide.
Et voici qu'en abaissant les yeux elle vit dans l'ombre Centurion qui se
livrait a une pantomime effrenee dont la signification lui etait tres
claire:
"Retenez-le un moment, disaient les gestes de Centurion, je cours
chercher du renfort, et cette fois nous le tenons!"
Elle abaissa plusieurs fois de suite ses cils pour montrer qu'elle avait
compris, et alors elle se retourna.
Tout ceci, qui nous a demande un temps tres long a expliquer, s'etait
produit en un temps inappreciable.
En tenant compte de la surprise a laquelle elle n'avait pu echapper,
si maitresse d'elle-meme qu'elle fut, Pardaillan put croire que rien
d'anormal ne s'etait passe, qu'elle etait bien seule et qu'elle s'etait
retournee a son appel. Son visage etait si calme, son oeil si limpide,
son attitude empreinte d'une telle serenite, que Pardaillan, qui l
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