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connaissait bien pourtant, ne put se tenir de l'admirer.
Elle s'avanca vers lui avec la grace d'une grande dame qui, pour honorer
un visiteur de marque, le conduit elle-meme vers le siege qu'elle lui
destine.
Et Pardaillan dut reculer devant elle, contourner des banquettes et
s'asseoir la ou elle voulait qu'il s'assit.
Nous avons dit qu'il n'y avait qu'une porte visible: elle etait a
droite. Au centre se trouvait l'estrade.
Derriere l'estrade etait situee la porte secrete par ou Centurion venait
de sortir, courant chercher du renfort. Devant l'estrade, il y avait
un espace vide au bout duquel se trouvait le mur qui faisait face a
l'estrade.
Dans ce mur etaient percees l'excavation par ou Pardaillan avait regarde
et ecoute, et un peu plus loin, la porte invisible par ou il etait
entre--du moins Fausta avait tout lieu de croire qu'il etait entre par
la. A droite et a gauche de l'estrade se trouvaient les banquettes sur
lesquelles les conjures s'etaient assis.
La manoeuvre de Fausta, amenant Pardaillan a s'asseoir sur la derniere
des banquettes placees a gauche de l'estrade, avait eu pour but de
l'acculer sur le seul cote de la salle ou il n'y avait aucune porte,
visible ou invisible, de cela Fausta etait sure.
Quant a la porte visible, au coeur de chene, jamais Pardaillan, malgre
sa force et sa bravoure, ne pourrait traverser cette salle encombree
pour arriver jusqu'a elle. Et meme s'il parvenait a accomplir ce
miracle, il n'en serait pas plus avance, la porte etant fermee a triple
tour.
Pardaillan etait bien pris cette fois.
Que pourrait sa courte dague contre les longues et bonnes rapieres dont
il allait etre menace?
Pardaillan s'etait prete avec une bonne grace, dont lui seul etait
capable en pareil moment, a la petite manoeuvre de Fausta. Il serait
certes temeraire d'affirmer qu'il n'avait rien remarque de ces
dispositions inquietantes. Mais Fausta le connaissait bien. Elle savait
qu'il n'etait pas homme a reculer, sur n'importe quel terrain. Et, sans
scrupule comme sans remords, elle exploitait habilement ce qu'elle
considerait comme une faiblesse.
Donc Pardaillan s'assit sur la derniere banquette, a la place meme
qu'elle designait. Elle-meme s'assit sur une autre banquette, en face de
lui. Ils se regarderent en souriant. On eut dit deux amis heureux de se
retrouver.
Cependant son sourire, a lui, avait on ne sait quoi de narquois,
d'insaisissable pour tout autre qu'elle. Ces deux antago
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