it Centurion d'une voix etranglee, vous voulez!...
--Je veux, oui! dit Fausta avec un imperceptible sourire.
Sur un ton douloureux, le bravo dit:
--Vous m'avez promis cependant...
--Que faudrait-il donc que je fasse pour arriver a vous persuader qu'on
ne me prend pas pour dupe?
--Madame, begaya Centurion interloque, je ne comprends pas.
--Vous allez comprendre. Vous m'avez dit que vous etiez amoureux de
Giralda, au point que vous parliez de l'epouser. Eh bien soit, j'y
consens, epousez-la.
--Ah! madame! je vous devrai la fortune et le bonheur! s'emerveilla
Centurion, radieux.
--Epousez-la, repeta Fausta avec nonchalance. Seulement il est une
petite chose, sans grande importance pour un amour, aussi desinteresse
que le votre. Dans le nouvel ordre de choses que nous allons instaurer,
vous serez un personnage en vue. On s'etonnera peut-etre que le
personnage que vous allez etre ait pour epouse une humble bohemienne.
--L'amour sera mon excuse. Nul ne pourra medire sur le compte de ma
femme. La Giralda, malgre qu'elle ne soit qu'une bohemienne, est connue
comme la vertu la plus farouche de l'Andalousie. Cela est l'essentiel.
Fausta eut un mince sourire, et, comme si elle n'avait pas entendu, elle
continua:
--On s'etonnera surtout que ce personnage ait ete assez oublieux de son
rang et de sa dignite pour epouser une jeune fille du peuple. Car la
famille de la Giralda est connue maintenant. Elle est, cette petite, de
la plus basse extraction.
Centurion chancela sous le coup qui etait rude, affreux. L'amour qu'il
avait affiche pour la Giralda n'etait qu'une comedie. Il s'etait
imagine, par suite d'on ne savait quels indices, que la bohemienne etait
issue d'une illustre famille. Il avait concu ce plan: avec l'assistance
de Fausta, evincer Barba Roja, ecarter le Torero, Debarrasse de ces deux
obstacles, lui Centurion, deja riche, en passe de devenir un personnage,
consentait a epouser cette fille sans nom.
Une fois le mariage consomme, un heureux hasard lui ferait connaitre
a point nomme la filiation de son epouse. Il devenait du coup l'allie
d'une des plus illustres familles du royaume. Et si, plus tard, devenu
roi, le Torero s'avisait de rechercher son ancienne amante, lui,
Centurion, savait trop quels benefices un courtisan complaisant peut
tirer d'un caprice royal.
Tel avait ete le plan de Centurion. Et c'est au moment ou il voyait ses
affaires marcher au mieux de ses desirs qu'il apprenait brut
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