moire de son grand-pere, l'illustre empereur,
c'est bien. Encore faut-il qu'on ne l'assassine pas avant. Il nous faut
parer a cette redoutable eventualite. Je vous ai dit, je crois, que
l'assassinat serait perpetre au cours de la corrida qui aura lieu demain
lundi, car nous voici maintenant a dimanche. Tout a ete lentement et
savamment combine en vue de ce meurtre. Le roi n'est venu a Seville que
pour cela. Il faudra donc vous trouver tous a la corrida, prets a faire
un rempart de vos personnes a celui que je vous designerai et que vous
connaissez et aimez tous, sans connaitre sa veritable personnalite.
Amenez avec vous vos hommes les plus surs et les plus determines. C'est
a une veritable bataille que je vous convie, et il est necessaire que le
prince ait autour de sa personne une garde d'elite uniquement occupee de
veiller sur lui. En outre, il est indispensable d'avoir sur la place
San Francisco, dans les rues adjacentes, dans les tribunes reservees
au populaire et dans l'arene meme, le plus grand nombre de combattants
possibles. Les ordres definitifs vous seront donnes sur place. De
leur execution rapide et intelligente dependra le salut du prince et,
partant, l'avenir de notre entreprise.
Ces dispositions causerent une profonde surprise aux conjures. Il leur
parut evident qu'il n'etait pas question d'une bagarre sans importance,
mais bien d'une belle et bonne bataille comme elle l'avait dit. La
perspective etait moins attrayante. Mais on n'obtient rien sans risques.
Puis, pour tout dire, si ces hommes etaient pour la plupart des
ambitieux sans scrupules, ils etaient tous des hommes d'action, d'une
bravoure incontestable.
--Il ne s'agit pas, dit encore Fausta, d'echanger stupidement des coups.
Il s'agit de sauver le prince. Il ne s'agit que de cela pour le moment,
entendez-vous? Et solennellement: Jurez de mourir jusqu'au dernier, s'il
le faut, mais de le sauver, coute que coute. Jurez!
--Nous jurons! crierent les conjures en brandissant leurs epees.
--Bien! dit gravement Fausta. A lundi donc, a la corrida royale.
Elle sentait qu'il n'y avait pas a douter de leur sincerite et de leur
loyaute. Mais Fausta ne negligeait aucune precaution. De plus, elle
savait que, si grand que soit un devouement, un peu d'or repandu a
propos n'est pas fait pour le diminuer, au contraire.
D'un air detache, elle porta le coup qui devait lui rallier les
hesitants, s'il y en avait parmi eux, et redoubler le zele et l'ardeur
|