n a ecouter ces sornettes de
conspirateurs.
Donc, en attendant que le dernier conjure se fut eloigne, Pardaillan se
mit a causer avec le Chico, non sans animation. Et sans doute s'etait-il
avise de demander quelque chose d'extraordinaire, car le nain, apres
avoir montre un ebahissement profond, s'etait mis a discuter vivement
comme quelqu'un qui s'efforce d'empecher de commettre une sottise.
Sans doute Pardaillan reussit-il a le convaincre, et obtint-il de lui ce
qu'il desirait, car, lorsqu'il se mit a regarder par l'excavation, il
paraissait satisfait et son oeil petillait de malice. Fausta maintenant
etait seule.
Tout a coup, sans que Pardaillan put dire par ou elle etait venue, une
ombre surgit de derriere l'estrade et vint silencieusement se placer
devant Fausta. Puis une deuxieme, une troisieme, jusqu'a six ombres
surgirent de meme et vinrent se ranger, debout, devant Fausta.
Pardaillan, parmi ceux-la, reconnut le duc de Castrana et aussi le
familier qu'il avait jete hors du patio: Cristobal Centurion, dont il
savait le nom maintenant.
"Par Dieu! murmura-t-il, je savais bien que tout n'etait pas fini."
--Messieurs, commenca Fausta de sa voix grave, j'ai demande a M. le
duc de Castrana de me designer quatre des plus energiques et des plus
decides d'entre vous tous. Il vous connait tous. S'il vous a choisis,
c'est qu'il vous a juges dignes de l'honneur qui vous est reserve.
Les quatre designes s'inclinerent profondement et attendirent. Fausta
reprit en designant Centurion:
--Celui-ci a ete choisi directement par moi parce que je le connais. Il
est a moi corps et ame.
--Vous tous, ici presents, vous serez les chefs des chefs qui viennent
de sortir. A part don Centurion qui reste attache a ma personne, vous
recevrez les ordres de M. le duc de Castrana, votre chef supreme.
--Vous composerez notre conseil et vous aurez chacun la haute main sur
dix chefs et sur leurs troupes. A dater de maintenant, vous faites
partie de notre maison et je pourvoirai a tous vos besoins. Pour le
moment, je tiens a vous dire ceci: je compte sur vous, messieurs, pour
que vos hommes n'oublient pas un instant que, ce qui importe avant tout,
c'est de sauver le prince dont nous ferons un roi. A vous je dis,
seance tenante, ce prince, vous le connaissez. Il est celebre dans
l'Andalousie. On le nomme don Cesar.
--Le Torero! s'exclamerent les cinq.
--Vous connaissez l'homme. Pensez-vous qu'il soit a la hauteur du role
que
|