de ceux qui lui etaient acquis.
--Dans une entreprise comme celle-ci, dit-elle, l'or est un adjuvant
indispensable. Parmi les hommes qui vous obeissent, il doit s'en trouver
a coup sur un certain nombre qui sentiront redoubler leur audace et leur
courage lorsque quelques doublons seront venus garnir leurs escarcelles.
Repandez l'or a pleines mains. On vous l'a dit, nous sommes
fabuleusement riches. Que chacun de vous fasse connaitre a M. le duc de
Castrana la somme dont il a besoin. Elle lui sera portee a son domicile
demain. La distribution que vous allez faire se rapporte exclusivement
au combat de demain. Par la suite, il sera bon de proceder a d'autres
largesses. Et, maintenant, allez, messieurs, et que Dieu vous garde.
Fausta omettait volontairement de leur parler d'eux-memes. Elle savait
bien qu'ils ne s'oublieraient pas, et elle put lire sur tous les visages
devenus radieux combien son geste genereux etait apprecie a sa valeur.
Ayant dit, elle les congedia d'un geste de reine et fit un signe
imperceptible au duc de Castrana, lequel alla incontinent se placer pres
de l'ouverture par laquelle ils etaient bien obliges de sortir tous.
Le depart se fit lentement, un a un, car il ne fallait pas eveiller
l'attention en se montrant par groupes dans les rues de la ville, non
encore eveillee.
Le duc de Castrana recueillait et notait le chiffre que lui donnait
chacun avant de s'eloigner. Il echangeait quelques mots brefs avec
celui-ci, faisait une recommandation a celui-la, serrait la main de cet
autre et chacun se retirait ravi de son urbanite car personne ne doutait
que, sous le nouveau regime, il ne deviendrait un puissant personnage,
et chacun aussi s'efforcait de se concilier ses bonnes graces.
Pendant ce temps, Fausta, demeuree seule sur l'estrade, n'avait pas
bouge de son fauteuil et semblait surveiller de loin la sortie de
ces hommes qu'elle avait su faire siens grace a son habilete et a sa
generosite.
Pardaillan ne la quittait pas des yeux, et sans doute avait-il appris a
lire sur cette physionomie indechiffrable, car il murmura:
"La comedie n'est pas finie, ceci me fait l'effet d'un temps de repos et
je serais fort etonne qu'il n'y eut pas une deuxieme seance. Attendons!"
Ayant ainsi decide, il se retourna vers le Chico.
Le nain avait attendu tres patiemment. Ce qui se passait derriere ce
mur le laissait parfaitement indifferent, et meme il se demandait
quel interet pouvait trouver son compagno
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