du
trone au roi de votre choix. Et tout d'abord, afin qu'il n'y ait point
de malentendu, je jure ici, en son nom et au mien, de remplir fidelement
et scrupuleusement les conditions que vous aurez posees. Etablissez vos
demandes par ecrit, messieurs, en vue du bien general. Ne craignez pas
de trop demander. Nous souscrivons d'avance a vos demandes.
C'etait lacher les chiens a la curee. De telles paroles ne pouvaient
passer sans soulever une legitime joie.
Ayant deblaye le terrain et seme l'allegresse parmi ses auditeurs,
Fausta put revenir a ce qui l'interessait directement: la realisation de
ses projets personnels, avec la certitude d'etre approuvee et secondee
par tous.
Elle reprit donc avec assurance:
--Vous avez cherche un chef qui fit vos idees siennes et vous l'avez
trouve. Je tiens a vous prouver que celui que vous avez choisi peut seul
devenir roi et etre accepte comme tel et de la noblesse, et du clerge,
et du peuple. Accepte sans discussion, accepte avec joie. Ceci,
messieurs, est d'une importance capitale. Ne croyez pas que la lutte
m'effraie. Mais imposer un roi par la force est toujours une entreprise
scabreuse. Sans compter que ce n'est pas toujours le droit qui triomphe.
Elle respira un instant et reprit avec une sorte d'exaltation mystique
qui produisit une impression profonde sur ses auditeurs, deja captives:
--Dans le choix que vous avez fait, je vois la main de Dieu. Notre cause
triomphera, j'en ai la ferme conviction, car il ne s'agit pas ici de
renverser une dynastie, de soutenir et de pousser un usurpateur. Non. Il
s'agit d'une succession reguliere, normale, et, je vous l'ai deja dit,
legitime.
Le sentiment qui dominait maintenant etait la curiosite poussee a son
plus haut point.
"Voila qui est particulier, se disait Pardaillan, en lui-meme. Comment
cette geniale intrigante va-t-elle s'y prendre pour justifier et
legitimer, comme elle dit, ce qui apparaitrait aux yeux de tout homme
sense et non prevenu comme une belle et bonne usurpation?"
Fausta continuait, au milieu d'un silence religieux:
--Notre futur roi est sauve. J'en reponds. Le roi actuel est pris, avec
votre aide. Il disparait, et, tenez, ayons le courage d'appeler les
choses par leur nom: le rpi actuel meurt. La succession royale est
ouverte. Qui succede au roi Philippe? Qui lui succede de droit?
--L'infant Philippe! lanca quelqu'un.
--Non! cria triomphalement Fausta. Voila ou est votre erreur: confondre
un homm
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