uble le reprendre, et, emporte malgre lui, comme
il aurait crie: "Prenez garde!", il dit doucement, sans chercher a se
degager:
--Si vous me tuez, comment sortirez-vous d'ici?
--Peste! c'est, par ma foi, tres juste, ce que tu dis la! Et moi qui n'y
pensais plus! Mais, sois tranquille, tu ne perdras rien pour attendre,
promit Pardaillan.
Ayant dit, il le lacha tout a fait. Et voila que, ce faisant, l'affolant
sourire recommencait a se dessiner... Alors, le Chico regretta. Et,
comme s'il eut voulu exciter la colere de cet homme deconcertant, il dit
rudement:
--Venez donc. Et, quand je vous aurai sauve, moi, vous pourrez me tuer,
vous. Je vous jure que je ne chercherai pas a eviter le coup dont vous
me menacez. "Ce sera la delivrance!" ajouta-t-il pour lui.
--Tu souhaites donc la mort?
Chico le regarda de travers. Il avait parle bien bas cependant: il avait
entendu quand meme, le diabolique personnage. S'il voulait mourir,
c'etait son affaire, tiens!
--Venez, seigneur, dit-il froidement, tout a l'heure il sera trop tard.
--Un instant, que diable! Je veux savoir, d'abord, pourquoi tu m'as
conduit a la mort.
Une flamme jaillit des yeux de Chico, plantes droit sur les yeux de
Pardaillan, et il exhala sa haine dans ce cri pueril:
--Parce que je vous deteste! je vous deteste!
--Tu me detestes tant que ca, goguenarda Pardaillan, de plus en plus
narquois.
--Je vous deteste tant que, si je n'avais promis de vous sauver, je vous
tuerais! grinca le petit homme.
--Tu me tuerais! railla Pardaillan, oui-da! Et avec quoi, pauvre petit?
Le nain bondit jusqu'a son lit et en tira une dague cachee entre les
deux matelas.
--Avec ceci! cria-t-il en brandissant son arme.
--Tiens! remarqua paisiblement Pardaillan, mais c'est ma dague!
--Oui, dit El Chico, avec une violence qui voulait etre du cynisme.
Pendant que vous escaladiez le mur, je vous l'ai volee! volee! volee!
Il ralait en prononcant ce mot et il paraissait eprouver une apre
jouissance a se cingler avec.
--Eh bien, mais, puisque tu as une arme et puisque tu veux ma mort,
tue-moi, dit Pardaillan tres calme.
Et il le regardait, sans nulle raillerie, cette fois, avec une certaine
curiosite, eut-on dit.
Fou de fureur, le nain leva le bras.
Pardaillan ne fit pas un geste. Il continuait de le regarder froidement,
bien en face. Le bras du nain s'abattit dans un geste foudroyant. Mais
ce fut pour jeter la dague a toute volee au fond du reduit
|