rempli ton engagement. Cet or est bien a toi. Ramasse-le,
et ne t'occupe pas du reste.
XXVI
LES CONSPIRATEURS
L'ombrageuse fierte d'El Chico avait fait de lui un declasse rebelle a
toute autorite. Jusqu'a ce jour, une seule personne avait pu lui
parler en maitre: Juana. Or voici que, maintenant, dans son existence,
surgissait un autre maitre: Pardaillan. Il lui semblait que, de tout
temps, celui-ci avait eu le droit de le commander et que lui n'avait
rien de mieux a faire que de lui obeir comme il obeissait a Juana. Et,
ce qui le confirmait dans cette pensee, c'etait de constater que lui,
qui s'etait si longuement et si vigoureusement debattu pour echapper a
cet ascendant, il l'acceptait sans conteste et lui obeissait non avec
resignation, mais avec plaisir.
C'est que Pardaillan avait su faire naitre en son esprit cette
conviction que, grace a lui, le reve chimerique d'un amour partage
pouvait devenir une realite. De ce fait, Juana lui apparaissait comme la
madone, Pardaillan lui apparut comme Dieu lui-meme.
En consequence, Pardaillan ayant commande de ramasser l'or de Fausta, le
Chico obeit docilement.
Lorsque la petite fortune fut enfermee dans le coffre dument cadenasse:
--En route, maintenant, il est temps! dit Pardaillan.
Le nain souffla sa chandelle, declencha le ressort actionnant la
plaque qui obstruait l'entree de son reduit et, suivi du chevalier, il
s'engagea dans l'escalier.
Ainsi qu'il l'avait brievement explique, le Chico, ne suivit pas le
chemin par ou il etait venu. En effet, Pardaillan, en rampant au besoin
aurait pu parvenir jusqu'a la grille qui fermait le conduit aboutissant
au fleuve. Mais, la, il n'aurait pu passer par l'ouverture que le nain
avait pratiquee a sa taille.
Au reste, pourvu qu'il sortit enfin de ce lieu sinistre ou l'implacable
volonte de Fausta l'avait condamne a mourir par la faim, peu importait
a Pardaillan par quel chemin. Il n'etait pas autrement incommode par
l'obscurite, ses yeux y etant faits, et, a travers le dedale des voies
souterraines multiples et enchevetrees a plaisir, derriere le petit
homme, il allait avec son insouciance accoutumee, notant soigneusement
dans son esprit les explications de son guide, qui lui devoilait
complaisamment le mecanisme secret des nombreux obstacles qui leur
barraient frequemment la route.
Ils etaient maintenant dans un couloir sable assez large pour leur
permettre de passer de front sans se gener mutuellement.
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