toujours maitresse d'elle-meme, n'avait rien laisse paraitre de
ses sentiments. Elle accepta l'hommage de ces inconnus comme une chose
due et avec cette dignite bienveillante qu'elle savait prendre en de
certains moments. Un instant elle laissa errer son oeil froid sur ces
fronts qui se courbaient et, se retournant a demi, elle fit un signe a
celui des trois qui l'avait presentee a l'assemblee. L'homme s'avanca:
--Seigneurs, dit-il, voici la princesse Fausta. Souveraine en ce pays du
soleil et de l'amour, ce pays beni qui s'appelle l'Italie, la princesse
Fausta est fabuleusement riche. Elle connait tout de nos projets et
pourrait, je crois, vous nommer tous par vos noms, titres et qualites.
Fausta etendit sa main et dit:
--Rassurez-vous, seigneurs, il n'y a pas de traitres parmi vous. Sous un
regime d'oppression sanglante pareil a celui sous lequel agonise votre
beau pays d'Espagne, il ne fallait pas etre grand clerc pour deviner
qu'une reaction devait se faire et que des hommes de coeur et de
devouement se trouveraient, qui tenteraient de secouer le joug de fer.
Ceci pose, le reste n'etait plus qu'un jeu pour moi. Et, quant a vos
personnages, quant a vos projets, si je les connais, c'est que j'ai pu
assister, invisible, a la plupart de vos conciliabules.
Cette declaration loyale, faite sur un ton de supreme assurance, fit
tomber les suspicions qui, deja, se faisaient jour. Fausta percut
parfaitement ces impressions, mais elle n'en laissa rien paraitre. Comme
si, desormais, elle eut acquis le droit de commander, elle se tourna
vers le personnage qui la presentait et dit d'un ton bref:
--Continuez, duc!
Celui a qui elle venait de donner ce titre de duc s'inclina profondement
et reprit, se faisant l'interprete des pensees de plus d'un qui
l'ecoutait:
--Oui, seigneurs, la princesse vient de vous le dire, il n'y a jamais eu
et il n'y aura jamais de traitre parmi nous. Et, cependant, la princesse
Fausta nous connait, nous et nos projets. Mais, alors quelle parait
trouver tout simple de nous avoir decouverts, qu'elle me permette
de dire ici que, pour nous avoir devines, il faut etre doue d'une
perspicacite peu commune. Pour avoir ose s'aventurer parmi nous, il faut
etre doue d'une audace que bien des hommes n'auraient pas.
Un murmure approbateur se fit entendre.
--Le pouvoir dont elle dispose en tant que souveraine, continua le duc,
ses immenses richesses, son esprit superieur, son courage viril, ses
ambition
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