ui, jusque-la, s'etait contenu, tiraille qu'il etait par des
sentiments contraires, eclata soudain.
--Je ne veux pas de votre amitie, cria-t-il, farouche. Je ne veux pas de
votre protection, ni toucher votre main. Je ne veux rien de vous, rien,
rien... C'est moi qui vous ai conduit ici, et je savais qu'on voulait
vous tuer... Et on m'avait paye pour cette besogne... Oui, on m'avait
donne cinq mille livres... et, tenez, les voici! ajouta-t-il en poussant
d'un coup de pied furieux le sac qui vint rouler, a demi eventre, aux
pieds de Pardaillan, devant qui les pieces d'or s'eparpillerent.
--Tu as fait cela? gronda Pardaillan.
--Je l'ai fait, tiens! puisque je le dis! fit le nain en soutenant
fierement son regard.
--Ah! tu as fait cela! fit Pardaillan glacial. Eh bien, tu peux faire ta
priere, ta derniere heure est venue.
Et, sans se lever, il abattit ses mains puissantes sur les freles
epaules d'El Chico, qui ployerent. Devant la pitie qui eclatait parfois
tres visible sur le visage du chevalier, le nain s'etait trouve
paralyse, indecis, ne sachant quelle contenance garder. Devant le
sourire malicieux, la fureur avait gronde dans son coeur, car, malgre
sa petite taille et sa faiblesse, il n'en etait pas moins tres
chatouilleux.
Devant la colere et la menace--reelles et simulees--il retrouva le calme
qui lui avait fait defaut jusque la.
Il ne fit pas un geste de defense. Peut-etre venait-il de trouver en un
eclair la solution vainement cherchee jusqu'alors: mourir etouffe, broye
par son ennemi. Mourir, oui!... Mais, du meme coup, son ennemi etait
perdu aussi. Comment sortirait-il, apres avoir tue le nain? La dalle du
cachot, il est vrai, etait soulevee.
Mais apres? L'escalier aboutissait a un cul-de-sac d'ou il lui serait
impossible de sortir, faute de connaitre le secret qui ouvrait la paroi.
Il n'aurait fait que changer de tombe, voila tout. Et le nain ne pouvait
se tenir d'eprouver un certain dedain pour ce rival si fort, si brave...
mais si faible d'esprit qu'il ne comprenait pas qu'en tuant le nain
maintenant il se condamnait lui-meme.
Oui, decidement, c'etait la la bonne solution. Mais... Mais il arriva
que le rival abhorre relacha son etreinte. Il arriva que l'ironie
du regard avait fait place a une telle douceur, il arriva que cette
physionomie, l'instant d'avant si menacante et si terrible, exprima une
telle bonte, une telle mansuetude, que le Chico, qui le regardait bien
en face, sentit son tro
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