e dit M. d'Espinosa.
"Ce serait bien du diable si ce tombeau n'etait pas quelque peu machine.
Au surplus, je connais ma Fausta, et il me parait invraisemblable
qu'elle ne se soit pas reserve quelque voie secrete ou il lui soit
possible de s'assurer qu'elle me tient toujours. Cherchons donc."
Et il se mit a chercher methodiquement, minutieusement, patiemment,
autant que cela lui etait possible dans la nuit opaque qui
l'enveloppait.
Mais, depuis la veille, il n'avait pris aucun repos. Sans doute, aussi,
le narcotique avait affaibli ses forces, car il dut s'arreter au bout de
quelques instants.
"Diable! fit-il, m'est avis que voila une recherche qui pourrait etre
plus laborieuse que je ne le jugeais de prime abord. C'est le poison de
Mme Fausta qui casse ainsi les jambes? Ne nous epuisons pas, laissons
l'effet se dissiper entierement en nous reposant un peu."
Ayant decide, faute de siege, il s'assit sur son manteau plie sur les
dalles et attendit le retour de ses forces.
Apres un repos assez long, il jugea ses forces suffisantes pour
reprendre son travail.
Et, tout a coup, au lieu de se lever, il se coucha tout de son long,
l'oreille collee contre les dalles. Il se redressa presque aussitot et,
restant a terre, appuye sur ses mains, avec un sourire narquois, il
murmura:
"Par Dieu! ou je me trompe fort, ou voici qui va m'eviter de longues
recherches. Si c'est Mme Fausta qui, pour en finir, m'envoie..."
Il s'interrompit, la sueur de l'angoisse au front.
"S'ils sont plusieurs, et c'est probable, songea-t-il, aurai-je la force
de lutter?"
Il s'accroupit sur les talons et se mit silencieusement a faire jouer
les articulations de ses bras.
"Bon! fit-il avec un sourire de satisfaction, s'ils ne sont pas trop
nombreux, on pourra peut-etre s'en tirer."
Et il se rencogna contre le mur, l'oreille tendue, l'oeil attentif,
pret a l'action. Il vit une dalle, la, devant lui, osciller legerement.
Vivement, il s'approcha, se cala solidement sur les genoux et attendit.
Maintenant, la dalle, poussee par une main invisible, se soulevait
lentement et, en se soulevant, elle masquait Pardaillan accroupi. Sans
bouger de sa place, il tendit ses mains, pretes a se refermer sur le cou
de l'ennemi qu'il attendait la, a l'orifice du trou beant.
Ses mains ne s'abattirent pas.
Au lieu des hommes armes qu'il attendait, Pardaillan, etonne, vit
surgir un petit diable qu'il reconnut aussitot, car il murmura avec
ebahisse
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