contre lui en meme temps
que contre P. Lombard, Gilbert de la Porree, et Pierre de Poitiers.
(Duboulai, _Hist. Univ._, t. II, p. 631.) Ce nom de Livre des Sentences
etait assez commun alors. (_Ab. Op., Apolog.,_ p. 333; Not., p.
1159.--_Hist. litt._ t. X, p. 313, et t. XII, p. 137.)]
Quoique les quatorze propositions ne se retrouvent pas toutes
litteralement dans le texte des ecrits qui nous sont restes, elles sont
en general authentiques, et les apologistes d'Abelard ont eu tort de les
contester.
Parmi les maximes condamnees, les principales sont les suivantes:
I. Dans la Trinite, le Pere a la toute-puissance, le Fils la sagesse, et
le Saint-Esprit la charite; chacune de ces proprietes designe chacune
des personnes, de sorte qu'en logique rigoureuse la propriete qui
distingue une des personnes semble manquer aux deux autres. Abelard
ne dit pas cela, mais il avance au moins que le Pere a la puissance
parfaite, le Fils quelque puissance, le Saint-Esprit nulle puissance.
Le Fils est de la substance du Pere, puisqu'il en est engendre; le
Saint-Esprit n'est pas de la substance du Pere, puisqu'il ne fait que
proceder du Pere et du Fils. Une personne est a l'autre comme l'espece
est au genre, comme la forme est a la matiere. C'est la ce que saint
Bernard appelle introduire des degres dans la Trinite, et sur ce chef,
il accuse Abelard de l'heresie d'Arius[283]. C'est ce que d'autres ont
appele reduire a l'unite les personnes divines, et sur ce chef, Abelard
a ete accuse de l'heresie de Sabellius[284].
[Note 283: "Theologus noster cum Ario gradus et scalas in Trinitate
disponit." (S. Bern. _Op._, ep. CCCXXX. Voyez aussi les lettres CXCII,
CCCXXXI, CCCXXXII, CCCXXXVI, CCCXXXVIII.)]
[Note 284: Guillelm. S. Theod. _Disput. adv. Ab._, c. II et III.
_Biblioth. cist._, t. IV.--Ott. Frising. _De Gest. Frid._, l. I, c.
XLVII.--Mabillon, _S. Bernard. Op._, vol. I, t. II, p. 640.--Bayle,
_Dict. crit._, art. _Abelard.--Hist. litt._, t. XII, p. 139.]
II. L'Homme-Dieu ou le Christ ne peut etre appele a ce titre une
personne de la Trinite. C'est pour cette parole que saint Bernard accuse
Abelard de s'exprimer sur la personne du Christ comme Nestorius[285].
[Note 285: Voyez les lettres deja citees.--Il faut bien remarquer
qu'il ne s'agit ici que du Dieu fait homme, ou du Fils de Dieu en tant
que Jesus-Christ. Car pour le Verbe ou Fils de Dieu, considere comme
tel, il n'y a pas dans tout Abelard un mot qui affaiblisse en lui un
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