s." (S. Bern. _Op._, ep. CXCII, p. 185 _in
not._--_Hist. Univ._, t. II, p. 212.)]
Mais saint Bernard avait encore plus d'amis aupres du saint-siege. Sa
reputation de saintete, sa haute position et son influence active dans
le clerge, ses grands et recents services dans l'affaire du schisme, lui
assuraient en Italie une autorite qu'il s'occupa d'augmenter. D'abord
deux lettres synodiques furent adressees au saint-pere, l'une par
l'archeveque de Sens et ses suffragants; l'autre au nom de l'archeveque
de Reims et des siens. Ces deux lettres sont evidemment ecrites par
saint Bernard. La premiere surtout est importante; elle etait connue au
Vatican sous le nom de la lettre des eveques de France[293]; c'est un
compte rendu de toute l'affaire. Apres avoir declare qu'il n'y a de
ferme et de stable que ce qui est etabli par l'autorite du siege
apostolique, on y rappelle les lecons et les compositions d'Abelard, et
l'impression qu'il avait produite, soit sur le public des ecoles, soit
sur celui des villes, des bourgs et des chateaux, et le bruit qui en
etait parvenu jusqu'a l'abbe de Clairvaux, et ses premieres demarches
pleines de charite, de discretion, et les bravades du novateur et de
ses disciples, forcant par un defi le synode a se reunir et Bernard a y
paraitre. Puis, en termes fort succincts, les peres du concile exposent
ce qui s'y est passe; comment le _seigneur abbe_ a produit dans
l'assemblee le livre de theologie du maitre Pierre, et les articles
dudit livre, notes comme absurdes et pleinement heretiques, pour que
l'inculpe niat les avoir ecrits, ou, s'il les avouait, les justifiat ou
les amendat; comment le maitre Pierre Abelard parut alors se defier,
chercher un moyen d'evasion, et refusa de repondre; si bien qu'enfin et
quoique libre audience lui fut accordee, et qu'il fut en lieu sur et
devant d'equitables juges, il en appela au saint-pere en sa presence, et
sortit de l'assemblee avec les siens. Encore que cet appel, ajoute-t-on,
parut peu canonique, par deference pour le siege apostolique, on n'a
point voulu prononcer de sentence contre l'homme lui-meme. Mais, pour
mettre un terme a la propagation de l'erreur, on a statue sur les
doctrines, lues et relues souvent en des cours publics; elles etaient
notoires; elles etaient manifestement fausses et heretiques; on les a
donc condamnees en elles-memes, et cela un jour avant l'appel fait au
saint-siege. Cette derniere circonstance n'est affirmee que dans cet
endroit
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