erre trouve un refuge aupres du siege de
Pierre; qu'il se souvienne de ce qu'il doit a l'Eglise; qu'il ecrase
la fureur des schismatiques; qu'il ne fasse pas moins que les grands
eveques, ses predecesseurs, et saisisse, pendant qu'ils sont encore
petits, les renards qui devorent la vigne du Seigneur.
[Note 297: "Taedet vivere et an mori expediat nescio." (Ep.
CLXXXIX.)]
Un moine de Montier-Ramey, admis plus tard a Clairvaux, Nicolas,
secretaire de l'abbe, son messager de predilection pour les negociations
delicates, et qui avait alors toute sa confiance, quoiqu'il l'ait trahie
plus tard[298], fut charge de porter ces lettres au pape, et d'y ajouter
de vive voix les commentaires convenables.
[Note 298: Montier-Ramey etait une abbaye a quatre lieues de Troyes.
Nicolas etait un homme instruit, lettre, habile, fort employe dans les
affaires de Rome, mais hypocrite, et que saint Bernard accusa plus tard
de vol et de faux. On a de lui des lettres assez interessantes." (S.
Bern. _Op._, ep. CLXXXIX et praefat., in t. III, vol. I, p. 711.--_Hist.
litt._, t. XIII, p. 553.)]
Ces lettres n'etaient pas les seules; il en est d'autres ou le saint
s'exprime d'un ton different, suivant la difference des correspondants.
Ainsi il s'adresse avec autorite au cardinal Gregoire Tarquin, comme
s'il n'avait pour le faire agir qu'a lui donner le signal, et qu'il le
put traiter comme un religieux de son ordre, toujours pret a lui obeir.
"Suivant votre coutume," lui dit-il, "quand j'entre dans la cour (la
cour de Rome), vous devez vous lever pour moi. Levez-vous donc pour
ma cause ou plutot pour la cause du Christ[299]." Quand il ecrit au
cardinal Haimeric, qui etait des Gaules, son ami, et de plus chancelier
de l'Eglise romaine[300], il lui parle gravement, presque politiquement,
et lui fait sentir en peu de mots ce qu'on doit en pareille occurrence
attendre du saint-siege. Il est moins a l'aise avec le cardinal Gui de
Castello: il l'appelle son venerable seigneur et son pere cheri, et d'un
ton mele de flatterie et de fermete il lui temoigne l'esperance de ne
pas le voir aimer un homme au point d'aimer ses erreurs. Ce serait
injure que de le soupconner d'une telle amitie, elle serait terrestre,
charnelle et diabolique; et il ajoute: "Ce n'est pas moi qui accuse
Abelard aupres du saint-pere; c'est son livre qui l'accuse.... Un homme
qui ne voit rien en enigme, rien dans le miroir, mais qui regarde tout
face a face[301]!.... J'estimerais mo
|