enir d'au-dessus de notre tete. Tout a coup, le bruit cessa; alors un
silence affreux regna autour de nous. Ce silence fut interrompu par un
cri plaintif: c'etait le dernier soupir d'un des hommes que nous
gardions.
Au meme instant, des pas se font entendre; c'etait un caporal qui
arrivait avec huit hommes, pour enlever les deux mourants, mais, comme
il n'en restait plus qu'un, il fut enleve de suite. On le couvrit avec
la depouille des autres, et l'on partit.
Il etait plus d'une heure du matin; le froid avait diminue, car,
depuis un instant, le vent avait cesse de se faire sentir avec autant
de violence, mais j'etais tellement fatigue que je ne pouvais plus
marcher, et, jointe a cela, l'envie de dormir me dominait tellement
que, pendant le chemin, Beloque me surprit plusieurs fois arrete et
dormant debout.
Il m'avait donne des indications pour trouver Grangier, car des hommes
de sa compagnie qui escortaient le seul fourgon qui restait au
marechal, avaient ete voir leurs camarades et avaient indique le
fourgon place a la porte d'une maison ou etait loge le marechal.
Arrive au point ou nous descendions la rampe du rempart, afin de
prendre la direction du camp ou etait le regiment, je me separai du
convoi funebre, et je me decidai a suivre le nouveau chemin que l'on
venait de m'enseigner, esperant atteindre bientot le but de mes
recherches.
Il n'y avait qu'un instant que je marchais seul, lorsque la maudite
musique se fit encore entendre. Aussitot je cesse de marcher, je leve
la tete pour mieux ecouter, et j'apercois de la clarte devant moi. Je
me dirige sur le point lumineux, mais le chemin va en descendant et la
lumiere disparait. Je n'en continue pas moins a marcher, mais, au bout
d'un instant, arrete par un mur, je suis force de revenir sur mes pas;
je tourne a droite, a gauche; je me trouve, enfin, dans une rue, et
au milieu de maisons en ruines. Je continue a marcher a grands pas,
toujours guide parla musique. Arrive a l'extremite de la rue, je vois
un edifice eclaire; c'est de la que viennent les sons graves qui
continuent toujours. Je marche directement dessus, et, apres avoir
tourne plusieurs fois, je me trouve arrete par une petite muraille qui
semble servir d'enceinte a l'edifice que je reconnais pour une eglise.
Ne voulant pas me fatiguer davantage a chercher l'entree, je me decide
a escalader la muraille et pour m'assurer qu'elle n'est pas assez
haute, je sonde de l'autre cote avec mon fusil. Voyan
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