s ou du moins qui ne me touche pas. S'il avait fait
quelques coupures, s'il avait ecoute les conseils d'un ami, il aurait
mis son oeuvre debout, sans la rendre meilleure a mes yeux. C'est le
genre qui est idiot, on doit dire cela carrement. Je vois la toul au
plus des parades de foire que l'on devrait jouer dans des baraques en
planches, des spectacles pour les yeux ou le peuple acheve de brouiller
les quelques notions justes qu'il possede, des oeuvres batardes et
grossieres qui gatent le talent des acteurs et qui acheminent notre
theatre national vers les pieces d'un interet purement physique.
Remarquez que ce pauvre M. Figuier avait toutes sortes de bonnes
intentions. Il voulait meme etre patriote, il avait pris des heros
francais, desireux de faire entendre que les Anglais et les Americains
ne sont pas les seuls a courir le monde dans l'interet de la science.
Le malheur est qu'il n'a pas su escamoter suffisamment les droleries du
genre. D'autre part, la scene etroite de Cluny ne se pretait guere a un
defile des cinq parties du monde, augmentees d'une sixieme. Fatalement,
les moindres naivetes y devenaient enormes. Il faut de la place, pour
faire tenir une vaste bouffonnerie, etablie serieusement. Enfin, M.
Figuier n'avait pas d'elephant. Cela etait decisif.
Pauvre science! a quels singuliers usages on la rabaisse, pour battre
monnaie! La voila maintenant qui remplace le bon genie et le mauvais
genie de nos contes d'enfants. Certes, lorsque j'annonce que le large
mouvement scientifique du siecle va bientot atteindre notre scene et la
renouveler, je ne songe guere a cette vulgarisation en une douzaine
de tableaux de quelque notion elementaire que les enfants savent en
huitieme. Il y a la une veine de succes que les faiseurs exploitent,
rien de plus. Ce que je veux dire, c'est que l'esprit scientifique du
siecle, la methode analytique, l'observation exacte des faits, le retour
a la nature par l'etude experimentale, vont bientot balayer toutes nos
conventions dramatiques et mettre la vie sur les planches.
LA COMEDIE
I
Mes confreres en critique dramatique ont bien voulu, pour la plupart,
parler de mon dernier roman, a propos de _Pierre Gendron_, la piece que
MM. Lafontaine et Richard viennent de donner au Gymnase. Sans accuser
les auteurs de plagiat, quelques-uns ont admis certaines ressemblances
entre cette comedie et l'_Assommoir_. Loin de moi la pensee de me
montrer plus severe. Je tiens MM. Lafontaine et
|