rtois ont donne a l'Odeon une tres
agreable comedie, qui a eu un joli succes d'esprit.
Le titre _le Nid des autres_, dit le sujet d'une facon charmante. Il
s'agit d'une certaine Desiree Blaviere, dont le passe est fort louche,
et qui a pris le titre sonore et romanesque de comtesse de Villetaneuse.
Cette dame, a laquelle un Russe cosmopolite et original, toujours en
voyage, M. Cramer, a eu l'etrange idee de confier sa fille Mathilde,
vivait a Cannes de la pension que le pere lui payait, lorsque l'envie
lui est venue de marier Mathilde pour se faire a elle-meme un interieur.
Un garcon riche, Rodolphe, epouse l'heritiere, et Desiree s'installe
chez eux avec ses trois enfants. C'est la le nid des autres.
On voit des lors comment l'action s'engage. Desiree est plus imperieuse
et plus exigeante qu'une belle-mere. Elle a fait le bonheur des epoux,
elle le leur rappelle a chaque minute et exige une reconnaissance
eternelle. C'est elle qui gouverne, qui dispose des chambres de la
maison, qui se sert des voitures, qui commande les domestiques. Et, a
la moindre observation, elle eclate en reproches et en lamentations.
Rodolphe sent bien vite qu'il s'est donne un maitre. Mais, lorsqu'il
veut sauver son bonheur menace, tout un drame commence. Desiree exerce
sur Mathilde un empire absolu. Elle fache les epoux, elle emmene la
jeune femme et la pousse a plaider en separation.
Les choses finiraient fort mal sans doute, si Rodolphe n'avait pour ami
un jeune peintre, Montbrisson, qui arrive fort depenaille au premier
acte, mais qui est un garcon de belle humeur et de talent. Rodolphe
l'installe chez lui. C'est encore le nid des autres, habite seulement
par un oiseau qui paye son gite en egayant ses hotes et en veillant sur
leur bonheur. A la fin, quand Montbrisson reparait, il s'est reconcilie
avec son pere et il n'a qu'un mot a dire pour confondre la pretendue
comtesse de Villetaneuse, dont il vient d'apprendre l'histoire. Ai-je
besoin d'ajouter que cet excellent Montbrisson epouse une soeur de
Rodolphe, que les auteurs ont mise la tout expres? Je n'ai pas parle non
plus d'un certain Ducluzeau, un vieil ami de Desiree, qui pille aussi le
nid des autres d'une facon impudente.
Il parait que cette comedie, qui au fond n'est qu'un drame avorte, est
une histoire tristement vraie, dont tout Paris s'est occupe autrefois.
Et, a ce propos, M. Francisque Sarcey, le critique si ecoute du _Temps_,
faisait remarquer combien cette histoire por
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