i l'oeuvre. Ensuite, je me
permettrai de la juger et d'en tirer une lecon, s'il y a lieu.
M. Cheribois est un bourgeois de Joigny qui passe grassement sa vie dans
un egoisme bien entendu. Il n'a autour de lui que des femmes qui le
gatent: madame Cheribois d'abord, puis sa filleule, Henriette, et la
vieille bonne de la famille, Marion. Tout le premier acte sert a peindre
cet interieur cossu et tranquille, dans lequel le bon M. Cheribois ne
tolere pas le pli d'une rose. Cependant, il attend ce jour-la son fils
Paul, qui est en train de faire fortune a Paris, chez un agent de
change. Il est meme alle le chercher a la gare, et il revient tres
maussade, parce que Paul n'est pas arrive. La verite est que ce
malheureux garcon rode autour de la maison depuis le malin; il a joue a
la Bourse et a perdu cent mille francs; il explique a sa mere epouvantee
qu'il est deshonore, s'il ne paye pas. Mais lorsque M. Cheribois apprend
l'aventure, il refuse tout net les cent mille francs. Tant pis si
son fils est un imbecile! Voila la tranquille maison bouleversee, et
l'egoiste seul y dinera paisiblement le soir.
Au second acte, madame Cheribois tente vainement de sauver son fils.
Elle se rend chez le notaire Violette, ou deja Henriette et la vieille
Marion sont venues faire assaut de devouement, en tachant de realiser
leur petite fortune pour la donner a Paul. Mais toutes les tendresses de
la mere se brisent contre la loi; elle ne peut disposer d'aucun argent
sans le consentement de son mari. Alors, elle se lamente, et, M.
Cheribois se presentant a son tour, une explication cruelle a lieu entre
eux. Il ne cede pas, la situation reste plus tendue.
Enfin, au troisieme acte, le denoument est amene par une intrigue
secondaire. Un neveu de M. Cheribois, Laurent, possede pour toute
fortune une vigne que son oncle guette depuis longtemps. Justement, la
fille du notaire, Cecile, est aimee de Laurent. Il se decide a vendre sa
vigne a son oncle pour le prix de soixante-quinze mille francs, puis a
preter cet argent a Paul. Autre complication: M. Cheribois veut payer
ces soixante-quinze mille francs sur une somme de cent mille francs
qu'il vient de faire porter chez un banquier par Bidard, le clerc de
M deg. Violette. Et voila qu'on lui annonce la fuite de ce banquier. Il se
desole. Enfin, quand il apprend que Bidard, prevenu a temps, ne s'est
pas dessaisi de la somme, il se laisse attendrir et consent a donner les
cent mille francs a son fils.
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