'a la fin de la piece. Ils
n'ont pas trouve la un drame avec ses peripeties: leur action se borne a
etre des farceurs, qui interviennent toujours dans les memes conditions.
Defaut grave du scenario, monotonie qu'ils ne sont parvenus a dissimuler
que par des prodiges de nuances. Ils ont mis partout des dessous,
lorsqu'il n'y en avait pas. Leurs merveilles d'execution ont sauve la
pauvrete du theme.
Voyez leur premiere entree en scene. Ils arrivent sur l'imperiale d'une
vieille diligence qui, tout d'un coup, verse au fond du theatre. La
degringolade est effroyable, au milieu des vitres cassees, des cris et
des jurons. Pour sur, il y a des poitrines ouvertes, des tetes aplaties;
et le public eclate d'un fou rire. Aimable public! et comme les Hanlon
savent bien ce qu'il faut a notre gaiete! D'ailleurs, par un prodige
d'adresse, ils se retrouvent tous devant la rampe, ranges en une ligne
correcte, sur leur derriere. L'adresse, l'escamotage des consequences de
l'accident, redouble ici la gaiete des spectateurs. Dans les accidents
reels, on rit d'abord, puis on s'apitoie; les Hanlon ont parfaitement
compris qu'il ne fallait pas laisser a l'apitoiement le temps de se
produire. De la le gros effet comique.
J'avoue, au second acte, n'aimer que mediocrement le truc du
spleeping-car. Regle generale, toutes les fois qu'on fait du bruit a
l'avance autour d'un truc qui doit passionner Paris, il est presque
certain que le truc ratera. Le public arrive monte, croyant a une
illusion absolue, et lorsqu'il voit les ficelles, comme dans le cas de
ce spleeping-car, l'illusion ne se produit plus du tout, parce qu'on l'a
rendu exigeant. La verite est que la manoeuvre du truc, dont on a
tant parle, est beaucoup trop lente. L'explosion a lieu, le wagon
s'entr'ouvre, les deux moities se relevent a droite et a gauche, tandis
que les personnages, qui devraient etre lances en l'air, gagnent
tranquillement des arbres, sur lesquels ils se perchent; le tout a grand
renfort de cordages, comme dans les joujoux d'enfant. Je sais bien qu'on
ne peut nous offrir un veritable accident. Mais, en cette matiere,
toutes les fois que l'illusion est impossible, le truc doit etre
abandonne. Les Hanlon ne trouvent donc dans cet acte qu'a exercer leur
adresse et leur audace de gymnastes. C'est tres gros comme gaiete. Rien
par dessous.
Je prefere de beaucoup le troisieme acte. L'entree en scene est encore
des plus etonnantes. Les Hanlon tombent du plafond, au bea
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