emmeler, mais d'une
facon adroite, de maniere qu'ils paraissent noues ensemble, en un
paquet inextricable; puis, tirer un seul bout, celui qu'on a menage,
et rembobiner le tout d'un trait, sans la moindre difficulte. La
litterature est absente, on s'interesse a cela comme a un jeu de
patience; et quand on s'en va, on eprouve un vide, une deception,
avec cette pensee vague que ce n'etait pas la peine de se passionner,
puisqu'on etait certain a l'avance que cela finirait comme cela avait
commence. Au theatre, lorsqu'on n'emporte aucun fait nouveau, aucune
observation a creuser, on garde contre la piece une sourde rancune, de
meme qu'on s'en veut lorsqu'on a lu un livre vide ou qu'on s'est arrete
a causer dix minutes avec un bavard imbecile, qui vous a noye d'un
deluge de mots.
Je songeais au succes de _Bebe_, en voyant la _Petite Correspondance_,
et je me disais qu'en somme ce succes etait merite. A coup sur, ce qui a
charme si longtemps le public, ce n'est pas l'imbroglio de la piece, ce
sont deux ou trois scenes d'observation amusante qu'elle contenait. Et
ce qui prouve qu'une serie de quiproquos ne suffit pas au succes, meme
lorsqu'ils sont travailles par des mains experimentees, c'est que la
_Petite Correspondance_ a ete accueillie froidement. Question de sujet,
et surtout question de types et de situations, je le repete. Dans
_Bebe_, on a trouve drole cette histoire de grand garcon degourdi, que
sa mere traite toujours en enfant, lorsqu'il se lance dans toutes les
fredaines, et qu'il a la femme de chambre pour maitresse. Bien que cela
rappelat _Edgard et sa bonne_, l'aventure a paru piquante, prise sur
le vrai, dans le courant de la vie quotidienne. Peut-etre le public ne
fait-il pas ces reflexions-la; mais, a son insu, il subit les courants
qui s'etablissent, il ne supporte plus que difficilement les inventions
de pure fantaisie, et se plait davantage aux choses prises sur la
realite.
Je parlais des types. La fortune de _Bebe_ a ete faite par le repetiteur
Petillon. Ce maitre, si tolerant pour ses eleves, le nez tourne a la
friandise, et se regalant le premier des fredaines de la jeunesse, etait
certes une caricature, mais une caricature sous laquelle on sentait la
vie. Il vivait, ce cuistre sournoisement voluptueux, brule de tous les
appetits, sous son cuir de pedant qui court le cachet. Et quelle bonne
folie que la scene ou il sauve les deux chenapans auxquels il donne des
repetitions de droit, en racontant a
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