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tre classique, immobilise dans l'analyse des sentiments et des passions. Le theatre de Victor Hugo laisse encore des coins aux developpements analytiques des personnages. Mais le theatre de MM. Dumas et Gaillardet coupe carrement toutes ces choses inutiles et s'en tient d'une facon stricte aux faits, a l'intrigue nouee de la facon la plus puissante, sans avoir le moindre egard a la vraisemblance et aux documents humains. En somme, cette formule peut se reduire a ceci: poser en principe que seul le mouvement existe; faire ensuite des personnages de simples pieces d'echec, impersonnelles et taillees sur un patron convenu, dont l'auteur usera a son gre; combiner alors l'armee de ces personnages de bois de facon a tirer de la bataille le plus grand effet possible; et aller carrement a cette besogne, ne pas faire la petite bouche devant les mensonges monstrueux, agir seulement en vue du resultat final, qui est d'etourdir le public par une serie de coups de theatre, sans lui laisser le temps de protester. On connait le resultat. Il est reellement foudroyant. Le public suit la terrible partie avec une emotion qui augmente a chaque tableau. Ce spectacle tout physique le prend aux nerfs et au sang, le secoue comme sous les decharges successives d'une machine electrique. Une fois engage dans l'engrenage de cet art purement mecanique, s'il a livre le bout du doigt au prologue, il faut qu'il laisse le corps entier au dernier acte. La langue etrange que parlent les personnages, les situations stupefiantes de faussete et de drolerie, rien n'importe plus. On assiste a la piece, comme on lit un de ces romans-feuilletons dont les peripeties vous empoignent et vous brisent, a ce point qu'on ne peut s'en arracher, meme lorsqu'on en sent toute l'imbecillite. Mais qu'arrive-t-il quand on a termine la lecture d'une telle oeuvre? On jette le roman, degoute et furieux contre soi-meme. Quoi! on a pu perdre son temps dans cette fievre de curiosite malsaine! On s'essuie la face comme un joueur qui s'echappe d'un tripot. Et, au theatre, la sensation est la meme. Interrogez le public qui sort, par exemple, d'une representation de la _Tour de Nesle_. Sans doute, la soiree a ete remplie, et tout ce monde s'est passionne. Mais, au fond de chacun, il y a un grand vide, de la lassitude et de la repugnance. Les plus grossiers sentent un malaise, comme apres une partie de cartes trop prolongee. Rien n'a parle a l'intelligence, aucun document nouveau
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