l puisse
etudier son droit tranquillement; mais Gaston, en compagnie de son
ami Arthur, n'utilise guere son entresol que pour recevoir des dames.
Ajoutez que le baron est une absolue ganache; ce digne homme passe sa
vie a lire les journaux, chez lui et a son cercle, ce qui fatalement a
influe d'une facon deplorable sur son intelligence. Il ne s'occupe de
son fils que pour lui adresser la morale la plus drole du monde. Ainsi,
lorsque les farces de Bebe se decouvrent, et que celui-ci s'excuse
en rappelant a son pere les folies que lui-meme a du faire dans sa
jeunesse, le baron repond gravement: "Monsieur, en ce temps-la, je
n'etais pas encore votre pere." Le mot a fait beaucoup rire.
Donc, Gaston parcourt les trois phases. La premiere est representee
par la femme de chambre de sa mere, Toinette; la seconde, par une dame
galante, Aurelie; et la troisieme par sa cousine, madame de Kernanigous
elle-meme. Des trois, c'est Toinette que je prefere. Elle est adorable,
cette enfant, qui s'ecrie, lorsque Gaston veut l'abandonner: "Ah!
monsieur, vous n'aurez pas le coeur de quitter la femme de chambre de
votre mere!" Elle adore son maitre, lui recoud ses boutons, pleure au
denouement, quand on le marie. Les auteurs, en rendant la femme de
chambre si aimable, auraient-ils eu des intentions democratiques?
Tout le sujet est la, mais les auteurs connaissent trop leur metier
pour ne pas avoir complique ce sujet a l'aide des quiproquos les plus
inextricables. M. Hennequin persevere naturellement dans un genre
qui lui a valu trois grands succes: les _Trois Chapeaux_, le _Proces
Veauradieux_ et les _Dominos Roses_. Sa part de collaboration est
certainement dans les singulieres complications de l'intrigue. Je
renonce a raconter ces complications, mais je puis les indiquer. Aurelie
la cocotte, est en meme temps la maitresse de Gaston et celle du cousin
Kernanigous; elle est encore la femme legitime d'un repetiteur de
droit, Petillon, dont je parlerai tout a l'heure. Alors, se produit la
debandade obligee. C'est d'abord madame de Kernanigous qu'on prend pour
Aurelie; puis, c'est Aurelie qu'on prend pour madame de Kernanigous;
la brune et la blonde se melent, le public lui-meme finit par ne plus
savoir au juste ce qu'il doit croire. A un moment, il y a jusqu'a quatre
personnes cachees derriere des portes. Et l'on rit.
On rit, parce que tous les personnages courent sur la scene. Cette
debandade qui entre, sort, se cache, reparait, fait cla
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