de cette derniere piece vient sous ma plume, je veux dire combien
une oeuvre pareille me parait inferieure et drolatique. Rien de moins
scenique que l'idee sur laquelle elle repose; le heros de l'aventure,
qui gagne un jour sans le savoir, peut etre un monsieur interessant pour
des astronomes et des geographes, mais je jurerais bien que, sur les
milliers de spectateurs qui sont alles a la Porte-Saint-Martin, quelques
douzaines au plus ont compris l'ingeniosite scientifique du denoument.
Tout le reste de l'intrigue est d'une banalite rare.
L'episode le plus saillant est celui de la veuve du Malabar que l'on va
bruler vive; et quelle etonnante histoire, grosse de comique, lorsqu'un
des heros epouse cette veuve, a son retour en Angleterre! Je connais peu
d'intrigues qui mettent plus de solennite dans la charge. Quand j'ai vu
jouer la piece, tout m'y a paru stupefiant.
Certes, je m'explique parfaitement le succes. D'abord, il y avait un
elephant. Puis, deux ou trois tableaux etaient joliment mis en scene.
On allait voir ca en famille, on y menait les demoiselles et les petits
garcons qui avaient ete sages. C'etait un spectacle que les professeurs
recommandaient. D'ailleurs, lorsqu'un courant de betise s'etablit, il
faut bien que tout Paris y passe. Moi, je prefere une feerie, je le
confesse. Au moins une feerie n'a aucune pretention. Le cote irritant
d'une machine telle que _le Tour du monde en 80 jours_, c'est qu'on
rencontre des gens qui en parlent serieusement, comme d'une oeuvre qui
aide a l'instruction des masses. J'entends la science autrement au
theatre.
Je me sens d'ailleurs beaucoup moins severe pour _Un Drame au fond de
la mer_. Il y avait la un tableau tres original et d'un effet immense,
celui du navire naufrage, avec ses cadavres, dans les profondeurs
transparentes de l'Ocean. Je sais bien que, pour arriver a ce tableau,
et ensuite pour denouer la piece, les auteurs avaient entasse toute
la friperie du melodrame. Mais la piece n'en contenait pas moins une
trouvaille, tandis que _le Tour du monde en 80 jours_ est un defile
ininterrompu de banalites, sans un seul tableau qui soit vraiment neuf.
Si je m'explique le succes, je n'en trouve pas moins le public bon
enfant et facile a contenter.
Aussi est-ce pour cela que j'ai une grande indulgence devant la
tentative malheureuse de M. Figuier. Il est tombe ou d'autres ont
reussi; mais le talent qu'il pourrait avoir importait peu. Il y a la
une question du plu
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