ffit le plus souvent, mais
le metier pourrait aussi aider simplement a rendre possible sur les
planches les drames et les comedies de la vie reelle. Apporter la verite
et savoir l'imposer, tel doit etre le but.
Aussi ne me lasserai-je pas de repeter aux jeunes auteurs dramatiques
qui grandissent: "Voyez les chutes de toutes les pieces naturalistes
tentees depuis dix ans. Est-ce a dire que le mensonge seul reussit au
theatre? Non, certes. Il faut garder sa foi dans le vrai, meme quand
le vrai semble crouler de toutes parts. La verite reste superieure,
inattaquable, souveraine. C'est a notre imbecillite, a notre manque de
talent, qu'il faut s'en prendre. C'est nous, et non pas la verite,
qui faisons tomber nos pieces. Etudiez donc le theatre, comparez et
cherchez. Il existe certainement une tactique pour conquerir le public,
on flaire dans l'air une formule, qu'un debutant decouvrira, et qui
indiquera la voie a suivre, si l'on veut donner a notre theatre une
vie nouvelle. Les revolutions dans les idees ne se precisent et ne
triomphent que grace a une formule. Inventez une facture, tout est la."
III
Deux debutants, MM. Jules Kervani et Pierre de l'Estoile, ont fait jouer
au Troisieme-Theatre-Francais une piece en cinq actes: _l'Obstacle_.
Voici, en gros, le sujet. Un jeune homme, Georges de Liray, a rencontre
aux bains de mer une adorable jeune fille, mademoiselle de Champlieu. Il
l'aime, il demande sa main a M. de Champlieu, et la il apprend tout un
drame de famille: la mere de la jeune fille n'est pas morte, comme on
l'a dit, elle a fui, il y a des annees, avec un amant. Georges n'en
poursuit pas moins son projet de mariage; mais il se heurte contre un
nouveau drame, son pere lui confesse qu'il est l'amant de madame de
Champlieu, laquelle a naturellement change de nom. Des lors, le mariage
entre les jeunes gens parait impossible. Les auteurs se sont tires de
toutes ces difficultes accumulees, en condamnant M. de Liray a un exil
lointain et en empoisonnant madame de Champlieu, qui meurt pardonnee de
son mari.
La critique a bien accueilli cette oeuvre. Elle a fait des reserves,
mais elle a ete unanime a y constater des situations fortes et des
scenes bien faites. Ses reserves ont surtout porte sur l'impasse dans
laquelle les auteurs se sont mis, en choisissant un de ces sujets dont
il est impossible de sortir. Ses eloges se sont adresses a l'habilete de
l'exposition, aux coups de theatre successifs: la confes
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