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annoncer a Attila que l'empereur lui refuse sa fille. Attila, exaspere,
veut epouser Hildiga, je n'ai pas trop compris pourquoi; il l'aime sans
doute, mais l'outrage de Valentinien n'avait rien a voir la dedans.
D'ailleurs, non content de desesperer Hildiga par sa proposition, il
pousse le raffinement jusqu'a vouloir etre aime devant tous; et
il menace la jeune fille de massacrer son pere, son amant, ses
compatriotes, si elle ne feint pas pour sa personne la passion la plus
aveugle. Hildiga doit accepter. Herric, Gerontia, d'autres encore la
maudissent, sans qu'elle puisse relever la tete. Walter seul croit
toujours en elle, et Attila finit par le faire decapiter devant Hildiga,
qui se contente de se couvrir le visage de ses mains. Enfin, au
denoument, lorsqu'il vient la retrouver dans la chambre nuptiale, la
jeune epouse le tue d'un coup de hache.
Tel est, en gros, le drame. Dans une etude qu'il a publiee sur son
oeuvre, M. de Bornier a ecrit ceci: "L'idee des _Noces d'Attila_ est
fort simple; tout vainqueur se detruit lui-meme par l'abus de sa
victoire, voila l'idee philosophique; un tigre veut manger une gazelle,
mais la gazelle se fache, voila le fait dramatique." Acceptons cela, et
examinons la mise en oeuvre.
M. de Bornier ne nous a pas montre du tout un vainqueur se detruisant
par l'abus de sa victoire, car Attila meurt d'un accident en pleines
conquetes, au milieu de ses armees victorieuses. Reste la fable du tigre
et de la gazelle. J'admets que Hildiga soit une gazelle; ailleurs, M.
de Bornier l'appelle une colombe; c'est plus tendre encore, et cela
convient mieux aux graces bien portantes de mademoiselle Rousseil. Mais
quant au tigre, il est vraiment trop bon enfant et trop rageur a la
fois. Je demande a m'expliquer longuement sur son compte.
Cette figure d'Attila emplit le drame, et c'est, en somme, juger
l'oeuvre que de l'etudier. M. de Bornier parait avoir voulu reconstituer
autant que possible la figure historique d'Attila, telle que nous la
montrent les rares documents historiques. Son barbare est civilise,
l'homme de guerre est double en lui d'un diplomate aussi ruse que peu
scrupuleux. Seulement, a cote de quelques traits acceptables, quelle
etrange resurrection de ce terrible conquerant! Tout le monde l'insulte
pendant quatre actes. Les prisonniers, Herric, Hildiga, Gerontia,
Walter, d'autres encore, defilent devant lui, en lui jetant a la face
les plus sanglantes injures, sans qu'il se mett
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