fait notre affaire. J'ai remarque que les dames qui
travaillaient dans l'ideal, etaient le plus souvent des dames tres
emancipees. Au fond de tout cela, il y a une immense hypocrisie, une
immense ignorance. Je ne puis ici traiter la question a fond. Mais il
faut le declarer tres nettement: la verite seule est saine pour les
nations. Vous mentez, lorsque vous nous accusez de corrompre, nous qui
nous sommes enfermes dans l'etude du vrai; c'est vous qui etes les
corrupteurs, avec toutes les folies et tous les mensonges que vous
vendez, sous l'excuse de l'ideal. Vos fleurs de rhetorique cachent des
cadavres. Il n'y a, derriere vous, que des abimes. C'est vous qui avez
conduit et qui conduisez encore les societes a toutes les catastrophes,
avec vos grands mots vides, avec vos extases, vos detraquements
cerebraux. Et ce sera nous qui les sauverons, parce que nous sommes la
verite.
N'est-ce pas la chose la plus attristante qu'on puisse voir? Voila un
jeune homme, voila M. Lomon, Il debute, il a peut-etre une force en lui.
Eh bien, il commence par s'enfermer dans une formule morte; il fait du
romantisme, a l'heure ou le romantisme agonise. Ce n'est pas tout, il
croit qu'il sauve la France, parce qu'il vient corner les mots de patrie
et d'honneur dans une salle de theatre, parce qu'il invente une intrigue
puerile et qu'il ecrit de mauvais vers. Et le pis, c'est qu'il se
montrera dedaigneux pour nous, c'est que ses amis mentiront au point
de nous traiter en criminels et d'insinuer que sa pauvre piece est une
revanche du genie francais!
J'ai d'autres desirs pour notre jeunesse. Je la voudrais virile et
savante. D'abord, elle devrait se debarrasser des folies du lyrisme,
pour voir clair dans notre epoque. Ensuite, elle accepterait les
realites, elle les etudierait, au lieu d'affecter un degout enfantin. A
cette condition seule, nous vaincrons. Le vrai patriotisme est la, et
non dans des declamations sur la patrie et la liberte. Jamais je n'ai
vu un spectacle plus comique ni plus triste: tout un gouvernement
republicain convoque a l'Odeon, des ministres, des senateurs, des
deputes, pour y entendre un coup de canon. Eh! bonnes gens, ce n'est pas
la formule romantique, c'est la formule scientifique qui a etabli et
consolide la Republique en France!
IV
Personne n'ignore qu'Attila, c'est M. de Bismark. Du moins, nul doute
ne peut nous rester a cet egard, apres la premiere representation des
_Noces d'Attila_, le drame en qu
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