lieu des circonstances extraordinaires ou elle etait
placee, n'eprouva pas un seul instant de trouble. Pendant que des places
fortes ou des camps retranches arretaient un moment les ennemis sur les
differentes frontieres, le comite de salut public travaillait jour et nuit
a reorganiser les armees, a les completer au moyen de la levee de trois
cent mille hommes decretee en mars, a envoyer des instructions aux
generaux, a depecher des fonds et des munitions. Il parlementait avec
toutes les administrations locales qui voulaient retenir, au profit de la
cause federaliste, les approvisionnemens destines aux armees, et parvenait
a les faire desister par la grande consideration du salut public.
Pendant que ces moyens etaient employes a l'egard de l'ennemi du dehors,
la convention n'en prenait pas de moins efficaces a l'egard de l'ennemi du
dedans. La meilleure ressource contre un adversaire qui doute de ses
droits et de ses forces, c'est de ne pas douter des siens. C'est ainsi que
se conduisit la convention. On a deja vu les decrets energiques qu'elle
avait rendus au premier mouvement de revolte. Beaucoup de villes n'ayant
pas voulu ceder, l'idee ne lui vint pas un instant de transiger avec
celles dont les actes prenaient le caractere decide de la rebellion. Les
Lyonnais ayant refuse d'obeir, et de renvoyer a Paris les patriotes
incarceres, elle ordonna a ses commissaires pres l'armee des Alpes
d'employer la force, sans s'inquieter ni des difficultes, ni des perils
que ces commissaires couraient a Grenoble, ou ils avaient les Piemontais
en face, et tous les revoltes de l'Isere et du Rhone sur leurs derrieres.
Elle leur prescrivit de faire rentrer Marseille dans le devoir. Elle ne
laissa que trois jours a toutes les administrations pour retracter leurs
arretes equivoques, et enfin elle envoya a Vernon quelques gendarmes et
quelques mille citoyens de Paris, pour soumettre sur-le-champ les insurges
du Calvados, les plus rapproches de la capitale.
La grande ressource de la constitution ne fut pas negligee, et huit jours
suffirent pour achever cet ouvrage, qui etait plutot un moyen de
ralliement qu'un veritable plan de legislation. Herault de Sechelles en
avait ete le redacteur. D'apres ce projet, tout Francais age de vingt-un
ans etait citoyen, et pouvait exercer ses droits politiques, sans aucune
condition de fortune ni de propriete. Les citoyens reunis nommaient un
depute par cinquante mille ames. Les deputes, composant une seu
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