flottes, et a y gagner quelque port, que de porter d'utiles secours dans
la Vendee. Outre cet egoisme universel qui empechait les coalises
d'etendre leur vue au-dela de leur utilite immediate, ils etaient tous
methodiques et timides a la guerre, et defendaient avec la vieille routine
militaire les vieilles routines politiques pour lesquelles ils s'etaient
armes. Quant aux Vendeens, insurges en hommes simples contre le genie de
la revolution, ils combattaient en tirailleurs braves, mais bornes. Les
federalistes repandus sur tout le sol de la France, ayant a s'entendre a
de grandes distances pour concentrer leurs operations, ne se soulevant
qu'avec timidite contre l'autorite centrale, et n'etant animes que de
passions mediocres, ne pouvaient agir qu'avec incertitude et lenteur.
D'ailleurs ils se faisaient un reproche secret, celui de compromettre leur
patrie par une diversion coupable. Ils commencaient a sentir qu'il etait
criminel de discuter s'il fallait etre revolutionnaire comme Petion et
Vergniaud, ou comme Robespierre et Danton, dans un moment ou toute
l'Europe fondait sur nous; et ils s'apercevaient que, dans de telles
circonstances, il n'y avait qu'une bonne maniere de l'etre, c'est-a-dire
la plus energique. Deja en effet toutes les factions, surgissant autour
d'eux, les avertissaient de leur faute. Ce n'etaient pas seulement les
constituants, c'etaient les agents de l'ancienne cour, les sectateurs de
l'ancien clerge, tous les partisans, en un mot, du pouvoir absolu, qui se
levaient a la fois, et il devenait evident pour eux que toute opposition a
la revolution tournait au profit des ennemis de toute liberte et de toute
nationalite.
Telles etaient les causes qui rendaient les coalises si malhabiles et si
timides, les Vendeens si bornes, les federalistes si incertains, et qui
devaient assurer le triomphe de la convention sur les revoltes interieures
et sur l'Europe. Les montagnards, animes seuls d'une passion forte, d'une
pensee unique, le salut de la revolution, eprouvant cette exaltation
d'esprit qui decouvre les moyens les plus neufs et les plus hardis, qui ne
les croit jamais ni trop hasardeux, ni trop couteux, s'ils sont
salutaires, devaient deconcerter, par une defense imprevue et sublime, des
ennemis lents, routiniers, decousus, et etouffer des factions qui
voulaient de l'ancien regime a tous les degres, de la revolution a tous
les degres, et qui n'avaient ni accord ni but determine.
La convention, au mi
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