parer aux dangers
les plus reels et les plus graves.
Tous les perils nous menacaient a la fois. Les coalises faisant les sieges
de Valenciennes, de Conde, de Mayence, etaient a la veille de prendre ces
places, boulevards de nos frontieres. Les Vosges en mouvement, le Jura
revolte, ouvraient l'acces le plus facile a l'invasion du cote du Rhin.
L'armee d'Italie, repoussee par les Piemontais, avait a dos la revolte du
Midi et les escadres anglaises. Les Espagnols, en presence du camp
francais sous Perpignan, menacaient de l'enlever par une attaque, et de se
rendre maitres du Roussillon. Les revoltes de la Lozere etaient prets a
donner la main aux Vendeens le long de la Loire, et c'etait le projet de
l'auteur de cette revolte. Les Vendeens, maitres de Saumur et du cours de
la Loire, n'avaient qu'a vouloir, et possedaient tous les moyens
d'executer les plus hardies tentatives sur l'interieur. Enfin les
federalistes, marchant de Caen, de Bordeaux et de Marseille, se
disposaient a soulever la France sur leurs pas.
Notre situation, dans le mois de juillet 1793, etait d'autant plus
desesperante, qu'il y avait sur tous les points un coup mortel a porter a
la France. Les coalises du Nord, en negligeant les places fortes,
n'avaient qu'a marcher sur Paris, et ils auraient rejete la convention sur
la Loire, ou elle aurait ete recue par les Vendeens. Les Autrichiens et
les Piemontais pouvaient executer une invasion par les Alpes-Maritimes,
aneantir notre armee et remonter tout le Midi en vainqueurs. Les Espagnols
etaient en position de s'avancer par Bayonne et d'aller joindre la Vendee;
ou bien, s'ils preferaient le Roussillon, de marcher hardiment vers la
Lozere, peu distante de la frontiere, et de mettre le Midi en feu. Enfin
les Anglais, au lieu de croiser dans la Mediterranee, avaient le moyen de
debarquer des troupes dans la Vendee, et de les conduire de Saumur a
Paris.
Mais les ennemis exterieurs et interieurs de la Convention n'avaient point
ce qui assure la victoire dans une guerre de revolution. Les coalises
agissaient sans union, et, sous les apparences d'une guerre sainte,
cachaient les vues les plus personnelles. Les Autrichiens voulaient
Valenciennes; le roi de Prusse, Mayence; les Anglais, Dunkerque; les
Piemontais aspiraient a recouvrer Chambery et Nice; les Espagnols, les
moins interesses de tous, songeaient neanmoins quelque peu au Roussillon;
les Anglais enfin pensaient plutot a couvrir la Mediterranee de leurs
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