t, marbres,
tableaux, diamants, voitures_, c'etait par le luxe que ces femmes
seduisaient les jeunes gens, et c'etait pour entretenir ce luxe que
ceux-ci se ruinaient.
Enfin elle partait cette femme et bientot ils en seraient delivres:
apres tout, il etait jusqu'a un certain point admissible que Leon eut
voulu, en restant avec elle pendant quelques jours, lui adoucir les
chagrins de ce depart et de cette vente: il etait si bon, si tendre le
brave garcon.
Mais la vente avait eu lieu et le brave garcon n'etait pas revenu a la
maison paternelle comme on l'esperait; ou plutot, s'il etait revenu rue
de Rivoli, ce n'avait point ete pour y rester et y reprendre son
domicile: tout au contraire.
Un matin que M. et madame Haupois-Daguillon dejeunaient rue Royale comme
ils le faisaient chaque jour, ils avaient vu entrer leur vieux valet de
chambre, Jacques, avec une mine effaree.
Le pere et la mere, qui n'avaient qu'une pensee dans le coeur, avaient
senti tous deux en meme temps qu'il s'agissait de leur fils; et, comme
Saffroy etait a table avec eux, ils avaient fait un meme signe a Jacques
pour qu'il ne parlat pas. Saffroy etait trop fin pour n'avoir pas saisi
ce signe, et bien qu'il eut le plus vif desir de savoir ce que Jacques
venait annoncer, car il avait bien devine lui aussi qu'il s'agissait de
Leon, il avait quitte la table pour rentrer au magasin.
--Eh bien, Jacques?
Ce fut le meme cri qui s'echappa des levres de M. et de madame
Haupois-Daguillon.
--M. Leon est venu il y a environ deux heures a son appartement; par
malheur, je ne l'ai pas vu entrer, car je serais accouru pour prevenir
monsieur et madame.
--Alors, comment l'avez-vous su?
--C'est Joseph qui, tout a l'heure, est venu me le dire. M. Leon a donne
conge a Joseph et il l'a paye.
Le pere et la mere se regarderent avec inquietude.
Jacques, qui s'etait arrete un moment, comme s'il n'osait continuer,
reprit bientot:
--Ce n'est pas tout: M. Leon a fait mettre dans des malles son linge,
ses vetements, ses livres au moins une partie de ses livres; on a porte
le tout dans une voiture, et avant de partir M. Leon a dit a Joseph de
m'apporter la clef de son appartement; alors j'ai cru que je devais
prevenir monsieur et madame.
Jacques ayant acheve ce qu'il avait a dire, sortit laissant ses deux
maitres ecrases.
Ils se regardaient, n'osant ni l'un ni l'autre exprimer les pensees qui
les etouffaient, lorsque leur ami Byasson entra, venant co
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