tants fut
couche en joue: la pointe de la baionnette etait contre sa poitrine. Il
mit la main sur son echarpe, et d'une voix vibrante, il dit:
--Tire donc, cochon, si tu l'oses!
Le soldat releva son fusil et le coup partit en l'air.
Mais un des defenseurs de la barricade, n'ayant pas vu, au milieu du
tumulte et de la bagarre, ce qui se passait, crut qu'on avait tire sur
les representants et il dechargea son arme sur la troupe. Un soldat
tomba.
Alors, tous les fusils du premier rang s'abaisserent avec ensemble,
et sans que le commandement de faire feu eut ete donne, une decharge
generale se fit entendre.
Un representant etait reste sur la barricade, Baudin; il fut renverse
par cette decharge, et un jeune homme qui se tenait a ses cotes tomba
avec lui.
En moins d'une seconde la barricade fut escaladee par les soldats, et
ses defenseurs se disperserent.
Dans la bagarre je fus separe de M. de Planfoy et entraine jusqu'a la
rue Cotte; un coup de baionnette m'effleura le bras et mon habit fut
troue.
Ne trouvant pas de resistance serieuse, la troupe ne fit pas d'autre
decharge, et rapidement divisee, elle se lanca a la poursuite des
republicains dans les rues Cotte et Sainte-Marguerite pour les empecher
de se reformer.
J'avais trouve un abri dans l'allee d'une maison dont la porte etait
restee ouverte; quand les soldats eurent defile, je revins sur le lieu
de la lutte pour chercher M. de Planfoy.
Avait-il ete atteint dans la decharge? La barricade avait ete si
rapidement enlevee, et les soldats nous etaient tombes si brusquement
sur le dos, que je n'avais rien pu distinguer; j'avais ete entraine
par une avalanche et j'avais eu assez affaire de me garer des coups de
baionnette.
Les soldats etaient occupes a relever le cadavre du representant Baudin;
l'autre victime, qui etait tombee avec lui, avait deja disparu.
Qu'etait devenu M. de Planfoy?
Avait-il ete entraine par les soldats?
Avait-il pu gagner la rue de Reuilly et rentrer chez lui?
Je restai un moment hesitant et perplexe; puis je me decidai a aller
rue de Reuilly; je ne pouvais pas rester dans l'incertitude. Si M. de
Planfoy n'etait pas chez lui, je devais le chercher et le trouver.
Mon depart serait une fois encore retarde, je ne pouvais pas abandonner
M. de Planfoy. S'il avait ete arrete, sa situation devenait des plus
graves, car au moment ou je lui avais donne mes papiers, il les avait
mis dans la poche de sa vareuse; et ces papi
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