rie, pas de
cavalerie; personne ne repond a nos requisitions.
Il sortit en courant et me laissa seul. Cet effarement, succedant
brusquement a l'orgueil du triomphe, avait quelque chose de grotesque,
et ce qui le rendait plus risible encore, c'etait la cause qui le
provoquait. Ces rumeurs en effet etaient trop faibles, et les quelques
coups de fusils etaient trop eloignes pour faire croire que la
prefecture cernee allait etre prise d'assaut.
Bientot mon homme revint. Il paraissait calme, et il n'etait plus
trouble que par le souvenir de son emotion et la rapidite de sa course.
--Ce n'etait qu'une fausse alerte, dit-il; ce ne sera rien. Mais c'est
egal, quand on pense que la prefecture est a la merci d'un coup de main,
c'est effrayant.
Un nouvel arrivant entra dans le cabinet.
--Des canons, de la cavalerie, s'ecria vivement mon employe. Donnez-nous
donc ce qui nous est necessaire pour nous proteger; que deviendriez-vous
sans nous?
--Vous pouvez vous coucher tranquillement, repondit celui a qui
s'adressaient ces demandes, tout va bien.
--Mais on construit partout des barricades, rue Saint-Martin, rue
Saint-Denis, dans le quartier du Temple, dans le faubourg Saint-Martin;
la troupe laisse faire.
--La troupe va rentrer dans ses quartiers, et on pourra faire autant de
barricades qu'on voudra; demain, a deux heures, les troupes, reposees
et bien nourries, commenceront leur mouvement general d'attaque, on
envahira par la terreur les quartiers ou la resistance sera concentree,
et en quelques heures tout sera fini. Vous pouvez donc pour ce soir
dormir en paix; la police doit maintenant laisser la parole a l'armee;
demain ou apres-demain, vous reprendrez votre role, et vous aurez fort a
faire; reposez-vous et prenez des forces.
Tous ces incidents nous avaient distraits de notre sujet. Je rappelai
que M. de Planfoy etait en prison et que les minutes qui s'ecoulaient
etaient terribles pour lui et pour nous.
--C'est tres-juste et je vous promets de faire ce que je pourrai. Je
vais donc donner des ordres pour qu'on le recherche partout. Vous,
de votre cote, cherchez-le aussi. Allez a Ivry, a Bicetre, avec les
recommandations dont vous etes porteur; on vous repondra. Si vous ne
le trouvez pas, revenez a la prefecture; je serai toujours a votre
disposition.
Avant d'aller a Ivry, je voulus passer rue de Reuilly, car si mon
inquietude etait grande, combien devaient etre poignantes les angoisses
de cette pauvre fe
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