us, nulle part nous ne rencontrons
de sympathie.
--Et l'armee?
--La est notre salut: la police, hier, par ses arrestations; l'armee,
aujourd'hui, par son attitude, ont jusqu'a present assure notre succes;
mais demain la guerre commence.
--Demain l'armee imprimera une terreur salutaire, et apres-demain vous
pourrez vous reposer, soyez-en certain. Pour le moment, obligez-moi de
rendre service a mon ami, je vous prie.
Et il expliqua en peu de mots ce que je desirais.
On me remit alors deux pieces, ainsi concues: la premiere: "Laissez
passer M. le capitaine de Saint-Neree, et donnez-lui protection en cas
de besoin;" la seconde: "Remettez entre les mains de M. le capitaine de
Saint-Neree, M. le marquis de Planfoy, partout ou on le trouvera, s'il
est encore en vie."
Ces pieces etaient revetues de toutes les signatures et de tous les
cachets necessaires.
XXVIII
C'etait beaucoup d'avoir aux mains l'ordre de mise en liberte de M. de
Planfoy, mais ce n'etait pas tout. Il fallait maintenant savoir ou se
trouvait M. de Planfoy, et la etait le difficile.
Ce fut ce que j'expliquai. On m'envoya dans un autre bureau de la
Prefecture, avec toutes les recommandations necessaires pour que l'on
fit les recherches utiles.
Par respect pour ces recommandations, l'employe auquel je m'adressai me
recut convenablement, mais quand je lui exposai ma demande, c'est-a-dire
le desir de savoir ou se trouvait M. de Planfoy, il haussa les epaules
sans me repondre. Puis comme j'insistais en lui disant qu'a la
prefecture de police on devait savoir ou l'on enfermait les personnes
qu'on arretait:
--Certainement, me dit-il, on doit le savoir et en temps ordinaire on
le sait, mais nous ne sommes pas en temps ordinaire, et ce que vous me
demandez, c'est de chercher une aiguille dans une botte de foin; encore
vous ne me dites pas ou est cette botte de foin.
--Je vous le demande.
--Et que voulez-vous que je vous reponde: tout le monde arrete depuis
deux jours; non-seulement ceux qui ont qualite pour le faire,
mais encore tous ceux qui veulent. La Prefecture a fait faire des
arrestations, et celles-la je peux vous en rendre compte. Mais, d'un
autre cote, les commissaires et les agents en font spontanement, en meme
temps que les generaux, les officiers, les sergents, les soldats en font
aussi. Comment diable voulez-vous que nous nous reconnaissions dans un
pareil gachis; tout cela se reglera plus tard.
--Et ceux qui sont arret
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