nt aura produit le meilleur effet; ils ont peur, ils ne
bougeront pas.
Sur ce mot je le quittai et me rendis au carrefour de Montreuil. Apres
dix tentatives, je parvins a approcher, non le general, mais un officier
de son etat-major, et je lui repetai mes explications et mes prieres.
Mais, malgre toute la complaisance de cet officier, et elle fut grande,
quand il sut qu'il parlait a un camarade, il lui fut impossible de me
renseigner. Il n'avait point ete fait de prisonniers par la troupe, ou,
s'il en avait ete fait, ils avaient ete immediatement remis a la police.
C'etait a la police qu'il fallait s'adresser.
Ou trouver la police? Cette question est facile a resoudre en temps
ordinaire, mais en temps d'emeute il en est autrement. La police devient
invisible. Les quelques agents que je pus interroger ne savaient rien de
precis; seulement ils affirmaient que si on avait fait des prisonniers
dans le faubourg, on avait du, par suite de l'abandon des postes, les
conduire a Vincennes.
Je partis pour Vincennes, ou j'avais la chance de connaitre un officier.
Mais Vincennes etait en emoi; on venait de recevoir les representants
arretes, et l'on ne savait ou les loger. Mon ami, charge de ce soin,
perdait la tete; il se voyait oblige de laisser ces prisonniers en
contact avec les troupes et les ouvriers civils employes dans le fort,
et il trouvait ce rapprochement impolitique et dangereux: en tous cas il
n'avait pas recu M. de Planfoy.
Le temps s'ecoulait, et je tournais dans un cercle sans avancer. Je
pensai alors a m'adresser a Poirier, et je partis pour l'Elysee. Si je
n'avais pas voulu de sa protection pour ma fortune, je n'avais aucune
repugnance a la reclamer pour sauver un ami. Puisqu'il etait un des bras
du coup d'Etat, il aurait ce bras assez long sans doute pour me rendre
M. de Planfoy.
XXVII
Je marchais depuis six heures du matin sans m'etre arrete pour ainsi
dire, et je commencais a sentir la fatigue; mais une affiche que je lus
aux abords de l'Hotel de ville me donna des jambes.
Quelques curieux rassembles devant cette affiche, qui venait d'etre
collee sur la muraille, poussaient des exclamations de colere et
d'indignation.
Je m'approchai et je lus cette affiche. Elle avertissait les habitants
de Paris qu'en vertu de l'etat de siege le ministre de la guerre
decretait que "tout individu pris construisant ou defendant une
barricade ou les armes a la main _serait fusille_." Cela etait signe
Sa
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