, malgre vos domestiques, qui m'ont
dechire, depouille.
--Ils ont eu grand tort, et je les blame.
--Oh! vous savez, il ne faut pas me faire la scene de M. Dimanche; je
la connais, j'ai vu jouer le _Festin de Pierre_, arretez les frais, pas
besoin de faire l'aimable avec moi; je ne partirai pas seduit par vos
manieres; ce n'est pas des politesses qu'il me faut, c'est de l'argent.
Oui ou non, en donnez-vous?
--Je vous ai deja explique, la derniere fois que je vous ai vu, que
j'etais tout dispose a vous payer, mais que je ne le pouvais pas en ce
moment.
--Oui, il y a trois mois.
--Croyez-vous qu'il y ait trois mois?
--Ne faites donc pas l'etonne; ce genre-la ne prend pas avec moi. Oui ou
non, payez-vous?
--Aujourd'hui non, mais dans quelques jours.
--Donnez-vous un a-compte?
--Je vous repete qu'aujourd'hui cela m'est impossible, je n'attendais
pas votre visite; mais demain...
--Je le connais, votre demain, il n'arrive jamais; il ne faut pas croire
que les bourgeois d'aujourd'hui sont betes comme ceux d'autrefois; les
debiteurs de votre genre ont fait leur education.
--Etes-vous venu chez moi pour me dire des insolences?
--Je suis venu aujourd'hui, comme je suis deja venu cent fois, vous
demander de l'argent et vous dire que, si vous ne payez pas, je vous
poursuis a outrance.
--Vous avez commence.
--He bien, je finis! et vous verrez que si adroit que vous soyez a
manoeuvrer avec les huissiers, vous ne nous echapperez pas: il nous
reste encore des moyens de vous atteindre que vous ne soupconnez pas. Ne
faites donc pas le mechant.
--Il me semble que si quelqu'un fait le mechant, ce n'est pas moi, c'est
vous.
--Croyez-vous que vous ne feriez pas damner un saint avec vos tours
d'anguille qu'on ne peut pas saisir?
--Vous m'avez cependant joliment saisi, dit Poirier en riant.
Mais le creancier ne se laissa pas desarmer par cette plaisanterie, et
il reprit d'une voix que la colere faisait trembler:
--Ecoutez-moi, je n'ai jamais vu personne se moquer des gens comme vous,
et je suis bien decide a ne plus me laisser rouler. De remise en remise,
j'ai attendu jusqu'au jour d'aujourd'hui, et maintenant vous etes plus
endette que vous ne l'etiez il y a trois mois, comme dans trois mois
vous le serez plus que vous ne l'etes aujourd'hui. Je connais votre
position mieux peut-etre que vous ne la connaissez vous-meme. Vos
chevaux sont a Montel, vos voitures a Glorieux; depuis un an vous n'avez
pas
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