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Strasbourg s'etaient souleves pour defendre la Constitution. Les agents
de police arrachaient ces affiches, mais on en trouvait cependant
partout, sur les volets, sur les portes, sur les troncs d'arbres.
Cela indiquait bien evidemment que des tentatives de resistance
s'organisaient.
Mais que pourrait faire cette resistance? les precautions militaires
etaient prises et paraissaient redoutables; des maisons d'angle etaient
occupees par les soldats et a chaque instant on entendait les tambours
et les clairons des troupes qui defilaient pour aller occuper des
positions. Ainsi, a partir du boulevard des Filles-du-Calvaire, je
marchai en avant d'une brigade d'infanterie qui venait s'etablir sur la
place de la Bastille. Devant ces troupes, les groupes qui occupaient les
boulevards se dispersaient et rentraient dans les rues laterales.
Dans la rue du Faubourg-Saint-Antoine, l'animation me parut plus
grande: des rassemblements d'ouvriers encombraient les trottoirs et ne
paraissaient pas disposes a entrer dans les ateliers; des individus
vetus en bourgeois allaient de groupes en groupes et paraissaient les
haranguer. En passant je m'arretai.
--Voulez-vous donc laisser retablir l'empire? dit l'un de ces individus.
--Napoleon est mort, repliqua un ouvrier.
--Pourquoi nous avez-vous desarmes aux jours de juin? dit un autre avec
colere.
--On retablit le suffrage universel, dit un troisieme.
Mais a ce moment il se fit un bruit du cote de la Bastille, qui
interrompit ce colloque; des omnibus, escortes par quelques lanciers,
remontaient la rue.
--Les representants qu'on emmene a Vincennes, cria une voix.
Les groupes s'agiterent, un mouvement general se produisit, quelques
voix crierent: "Delivrons-les," et l'on vit quelques hommes courir a la
tete des chevaux.
Le convoi s'arreta; que se passa-t-il alors, je ne le sais pas
precisement, car je n'entendis pas ce qui se dit; je vis seulement qu'un
colloque rapide s'engagea entre ceux qui avaient arrete les omnibus et
ceux qui se trouvaient dans ces omnibus. Puis, apres un court moment
d'attente, les voitures se mirent en route.
--Ils ne veulent pas etre delivres, cria une voix.
Alors des rires eclaterent dans la foule se melant a des huees, et le
souvenir du mot que j'avais entendu la veille en regardant defiler ces
representants me revint a la memoire: "Tout ca, c'est pour la farce."
Je continuai mon chemin jusqu'a la rue de Reuilly, etrangement
impression
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