qui priaient.
Sans la presence d'un horrible maitre des ceremonies qui tournait et
retournait autour de moi, me saluant, me faisant des reverences et des
signes mysterieux, j'aurais pu m'absorber dans ma douleur. Mais ce
figurant ridicule me rejetait a chaque instant dans la realite, et quand
dans une genuflexion il ramenait les plis de son manteau, il me semblait
qu'il m'ouvrait un jour sur la rue,--ses emotions et ses troubles.
Il fallut enfin quitter l'eglise et reprendre ma place derriere le char
en nous dirigeant vers le Pere-Lachaise.
Avec quelle anxiete je regardais devant moi! A me voir, les passants
devaient se dire que j'avais une singuliere contenance. Et, de fait, a
chaque instant, je me penchais a droite ou a gauche pour regarder au
loin, si quelque obstacle n'allait pas nous barrer le passage.
Jusqu'aux quais je trouvai l'apparence du calme que j'avais deja
remarquee; mais en arrivant a un pont, je ne sais plus lequel, un corps
de troupe nous arreta. Les soldats, l'arme au pied, obstruaient le
passage; les tambours etaient assis sur leurs caisses, mangeant et
buvant; les officiers, reunis en groupe, causaient et riaient.
La chaleur de l'indignation me monta au visage: c'etaient la mes
camarades, mes compagnons d'armes; ils riaient.
La troupe s'ouvrit pour laisser passer notre cortege et jusqu'au
cimetiere notre route se continua sans incident. Partout dans les rues
populeuses, dans les places, dans les faubourgs l'ordre et le calme des
jours ordinaires.
Ce que fut la fin de cette lugubre ceremonie, je demande a ne pas le
raconter; je sens la-dessus comme les anciens, il est de certaines
choses qu'il ne faut pas nommer et dont il ne faut pas parler; c'est
bien assez d'en garder le souvenir, un souvenir tenace que toutes les
joies de la terre n'effaceront jamais.
Lorsque tout fut fini, je sentis un bras se passer sous le mien, c'etait
celui de M. de Planfoy.
--Et maintenant, dit-il, que veux-tu faire, ou veux-tu aller?
--Rentrer dans la maison de mon pere.
--Eh bien, je vais aller avec toi et nous nous en retournerons, a pied.
--Mais vous demeurez rue de Rouilly.
--Qu'importe? je te reconduirai, il y a des moments ou il est bon de
marcher pour user la fievre et abattre sa force corporelle.
Nous nous mimes en route a travers les tombes. Au tournant du chemin,
Paris nous apparut couche dans la brume. Tous deux, d'un meme mouvement,
nous nous arretames.
De cette ville immense e
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